
Serge Gainsbourg a laissé derrière lui d'inoubliables mélodies : Je t'aime moi non plus, La Javanaise, Sea, sex and sun, Je suis venu te dire que je m'en vais ou Couleur café sont des monuments de la chanson française, que l'on fredonne encore, presque 34 ans après sa mort. Mais "l'homme à la tête de chou", comme on le surnommait, avait aussi son côté "Gainsbarre", son côté sombre... On se souvient de l'échange plutôt cru avec Whitney Houston, en 1986, dans l'émission Champs-Elysées, avec Michel Drucker ! L'auteur et compositeur Jean-Claude Vannier, qui a collaboré avec Serge Gainsbourg, évoque dans une interview accordée le 16 février 2025 à Télérama une anecdote étonnante sur "Gainsbarre".
Télérama explique en effet que le créateur de la chanson 69, année érotique se serait attribué certaines musiques de l'album Histoire de Melody Nelson, sorti en 1971, alors que Jean-Claude Vannier l'a entièrement composé ! "Il voulait mettre son nom partout alors qu’il ne faisait pas grand-chose", explique à l'hebdomadaire ce célèbre musicien, qui a travaillé avec Serge Gainsbourg de 1969 à 1973. Une querelle qui a eu des conséquences, sur leur relation professionnelle. "À cause de ça, il s’est fâché avec beaucoup de ceux qui ont travaillé avec lui, poursuit Jean-Claude Vannier. Moi aussi, j’ai rompu la collaboration." Le compositeur assure toutefois qu'ils sont restés "amis jusqu’à sa mort", le 2 mars 1991.
Selon Télérama, l'album Histoire de Melody Nelson n'est pas la seule création de Jean-Claude Vannier que Serge Gainsbourg est soupçonné de lui avoir chipé : l'auteur de Dieu est un fumeur de havanes aurait, en effet, copié le titre Amour des feintes, que son camarade avait composé pour Jane Birkin, pour le film Comédie d'été, sorti en 1989 ! "J’avais envoyé ce thème à Serge, comme ça m’arrivait régulièrement, se souvient Jean-Claude Vannier. Quand j’ai fait la musique du film, je lui ai dit qu’il ne pouvait plus utiliser cette mélodie et il a acquiescé. Mais il a sorti la chanson en même temps que sortait le film. L’édition lui ayant fait un procès, on a été réintégrés dans nos droits. Il ne pouvait pas dire qu’il ne l’avait pas fait exprès."
Ce n'est pas la première fois que Jean-Claude Vannier raconte à la presse les méthodes parfois cavalières de l'ancien compagnon de Jane Birkin. En 2008, déjà, l'auteur et compositeur s'était confié, au Monde, sur les déboires qu'il a rencontré lors de l'enregistrement de l'album Histoire de Melody Nelson, au début des années 1970. Quand le journal lui demandait pourquoi il était reconnu seulement comme l'arrangeur du disque, plutôt que son compositeur, voici ce qu'il répondait : "J'ai pourtant composé l'essentiel de la musique, assurait Jean-Claude Vannier. Serge a mis son nom en gros et le mien en plus petit. Il tirait parfois la couverture à lui, cela a provoqué des brouilles avec certains de ses collaborateurs. Il avait un énorme besoin de reconnaissance. Nous n'avons travaillé que trois ans ensemble, mais nous sommes restés amis jusqu'à sa mort."