En ce week-end d'avril, Charles Aznavour, héraut de la chanson française considéré internationalement comme un des derniers monstres sacrés, est redevenu, le temps d'un rite consacré, le héros national arménien Shahnourh Aznavourian.
Récompensé en 2010 par une Victoire de la Musique d'honneur alors qu'il assumait la présidence exceptionnelle de la 25e édition de la manifestation, monsieur Charles se joignait hier à la communauté arménienne de France pour les cérémonies de commémoration du génocide arménien et des déportations et massacres de 1915-1917. Sinistre commémoration qui se veut particulièrement importante cette année, avec de nouveaux efforts déployés par la communauté pour la reconnaissance du génocide par la Turquie (qui admet la mort de 300 à 500 000 Arméniens mais nie une extermination organisée) et le vote en France d'une loi pénalisant la négation de ce génocide, demandé en audience au Sénat vendredi matin.
Plusieurs milliers d'Arméniens de France se sont rassemblés samedi après-midi place du Canada à Paris (VIIIe arrondissement), au pied de la statue de Komitas, ecclésiastique rescapé du génocide mort en 1935. Là, une prière a été conduite et des gerbes déposées.
Des représentants des communautés religieuses, dont Monseigneur Norvan Zakarian, primat du diocèse arménien de France, ont prononcé une prière et des gerbes de fleurs ont été déposées au pied de la statue. Arrivés en haut des Champs-Elysées, les manifestants, avec également le producteur Alain Terzian, ont regardé Charles Aznavour, 85 ans, raviver la flamme du soldat inconnu à l'Arc de Triomphe.