Certains - sur plus de 600 000 spectateurs - auront découvert Chris Stills dans sa composition engoncée et transparente de Jules César pour les besoins de la comédie musicale Cléopâtre, la dernière reine d'Egypte. De même qu'il y eut une vie avant Cléopâtre, il y en aura une après pour le fils de Véronique Sanson et Stephen Stills.
Car, loin du formatage musical auquel on a voulu contraindre sa voix pour son rôle antique auprès de Sofia Essaïdi en dernière reine d'Egypte, Christopher Stills s'était au préalable signalé, dans une relative confidentialité, avec deux albums qui démontrèrent toute l'élégance artistique du garçon. Le premier, 100 Year Thing, parut en 1998, dès ses 23 ans - dont la plupart en immersion dans la musique : selon la petite mythologie personnelle, tout commença sur une tournée de son père avec Crosby, Stills, & Nash. Alors âgé de 12 ans et rompu à la batterie ainsi qu'au piano (instrument de prédilection de sa mère), on lui met une guitare entre les mains et quelques accords en bonus. Un déclic. Stephen Stills et Véronique Sanson divorcent l'année suivante (1978), et Chris Stills suit sa mère en France, où il effectue ses études et écrit ses premières chansons. Mais 15 années plus tard, diplôme en poche, il traverse l'Atlantique en sens inverse et se fait roadie pour son père. Voie toute tracée vers la composition de son premier album, où il conjugue folk, blues et rock oldies.
Un tremplin ? Rien n'est moins sûr. Dans les années qui suivent, Chris doute et envisage de tout plaquer. Il s'en est manifestement fallu de peu que le public soit privé de l'excellent album éponyme Chris Stills, sorti 8 ans après son prédécesseur ! Une réalisation méritante, qui a bénéficié, pour l'écriture de certains textes en français, de la patte de Jean-Louis Murat et Stéphane Eicher, et au fil de laquelle on apprécie particulièrement l'équilibre du trio fondamental piano-guitare-batterie, le raffinement des arrangements, le travail vocal (superpositions, voix de tête...) et le grain de voix qui s'impose pleinement dans cet univers musical bien équilibré. Des chansons telles que Landslide (ci-dessus, une jolie version live de 2008), Story of a dying man, Say my last goodbye ou encore Deuxième chance auraient par exemple mérité un peu plus de notoriété, radiophonique notamment.
Au printemps prochain, Chris Stills publiera un troisième album, dont le titre, Double Vie, semble d'emblée annoncer la quintessence de sa double culture franco-américaine, mais aussi, peut-être, une dualité intime et intangible qu'on peut ressentir à son contact... Assisté de Pierre Jaconelli (Benjamin Biolay, Calogero...) à la réalisation de cet album dont il a composé une bonne partie des musiques et pour lequel il joue de tous les instruments, Chris Stills en dévoilera bientôt un premier extrait qui enracinera ce nouveau projet : Elément Terre. C'est sur le plateau de Michel Drucker que Chris, 36 ans, en donnera la primeur, dans l'émission Vivement dimanche du 24 octobre. Mais vous pouvez d'ores et déjà l'écouter sur son site officiel flambant neuf, en cliquant ici.
Il étrennera aussitôt après Double vie sur scène, en première partie de l'ultime tournée d'Eddy Mitchell à l'Olympia, puis en concert au Sentier des Halles.
Enfin - last but not least -, on le découvrira en janvier prochain dans le rôle d'un chanteur d'opéra nommé Mr. Child pour Requiem pour une tueuse, un film de Jérôme Le Gris porté par Mélanie Laurent, Tcheky Kario et Clovis Cornillac.
G.J.