Sa carrière politique, Christiane Taubira l'a construite à force de travail, d'ambition et de courage. Celle qui est née en Guyane il y a soixante-dix ans dans une fratrie de onze enfants auprès d'une mère qui les a élevés seule connaît ce qu'on pourrait appeler l'école de la vie. Un vécu qui l'a toujours poussée à se dépasser et ainsi à retenter, vingt ans après son expérience malheureuse en 2002, l'élection présidentielle. Si elle a remporté la primaire populaire organisée à gauche en janvier, elle n'a pas réussi à transformer l'essai et reste aux portes de l'aventure, faute de parrainages suffisants. Elle s'est exprimée ce 2 mars 2022 pour annoncer mettre fin à sa campagne. Tombée autour de 2% d'intentions de vote dans les sondages, elle n'avait recueilli ce 1er mars 2022 que 181 signatures d'élus, à trois jours de la date limite des dépôts des parrainages. La politique est un univers impitoyable, l'ancienne garde des Sceaux le sait bien. Sa famille avait d'ailleurs fait les frais de son engagement.
En interview dans Le Monde en 2016, Christiane Taubira expliquait à quel point son militantisme politique a pesé sur sa famille : "Si j'étais la seule à payer ! Mais c'est la famille qui paie très cher. J'ai choisi de rester accessible lorsque j'étais députée. Je circulais en ville, ma permanence était toujours ouverte et tout le monde connaissait l'adresse de mon domicile où l'on frappait le dimanche à 23 heures pour me soumettre un problème.Je me suis fait dévorer ! Mes quatre enfants avaient entre 3 et 9 ans quand je suis devenue députée ce qui impliquait de multiples allers-retours entre Cayenne et Paris. Ils ont forcément eu des manques... Il y a une douzaine d'années, je leur ai demandé pardon."
Christiane Taubira a donné naissance à quatre enfants, nés de son couple avec son ex-mari l'activiste Roland Delannon : Diawara, Lamine, Djamila et Nolywé. Ils ont suivi et vécu la carrière politique de leur maman, ses échecs, ses gloires et ses attaques. Ainsi, en 2013, elle était comparée à un signe par le magazine Minute. De passage dans le journal télévisé de France 2, celle qui s'est battue pour le Mariage pour tous avait alors déclaré : "Ces propos prétendent m'expulser de la famille humaine, dénient mon appartenance à l'espèce humaine. (...) J'encaisse le choc mais c'est violent pour mes enfants."