Des mots durs. À 78 ans, Claude Brasseur se raconte sans fard dans une autobiographie intitulée Merci !, coécrite avec Jeff Domenech, dans laquelle il pose ses souvenirs. Douloureux, parfois. Comme lorsqu'il replonge dans son enfance et raconte la relation qu'il entretenait avec ses parents, Pierre Brasseur et Odette Joyeux. "Je n'ai jamais connu l'amour de mes parents, assène-t-il à France Dimanche. Il ne sont jamais occupés de moi, ils avaient bien autre chose à faire."
Balloté entre sa mère et son père souvent absents, Claude Brasseur a grandi avec la mélancolie et la douleur de la garde alternée. Dans le viseur de l'acteur français que l'on a vu briller dans Un éléphant ça trompe énormément (César du meilleur acteur dans un second rôle en 1977) et La Guerre des polices (César du meilleur acteur en 1980) : sa propre mère. "Elle a toujours considéré que j'avais été un énorme handicap pour sa carrière", dit Claude de celle qui fût une actrice très courtisée pendant les années 1930 et 40. Il est né le 15 juin 1936, un an après l'union de ses parents qui durera jusqu'en 1945.
"Mais je n'allais tout de même pas m'excuser d'être né, et je n'allais pas non plus me retirer de sa vie", tonne le comédien. Avant de conclure : "C'est plutôt mon père qui aurait dû se retirer : comme ça, au moins, je ne serais pas là !" Odette Joyeux ira encore plus loin, lorsqu'en 1994, six ans avant sa mort, elle publie un roman (Entrée d'une artiste) dans lequel elle se raconte. "Elle a écrit dans son livre qu'elle n'avait pas été amoureuse de mon père, et que le pire jour de sa vie était celui où elle a appris qu'elle était enceinte", raconte Claude Brasseur, l'unique fils de l'actrice française. Selon ce dernier, il ne "trahit pas sa mémoire puisqu'elle a eu le mauvais goût de l'écrire dans son autobiographie".
S'il n'a jamais pardonné sa mère, et bien que meurtri par ces blessures dont les plaies ne se sont pas refermées, Claude Brasseur n'a pas réédité le comportement de ses propres parents sur Alexandre, son fils lui aussi acteur. Amoureux de Mimi, avec qui il est en couple depuis 1970, Claude Brasseur exorcise aujourd'hui ses démons enfouis. Son public le retrouvera sur les planches du théâtre Montparnasse, pour la pièce La Colère du Tigre, où il campe Clémenceau.