Le 18 mai dernier, après Touche pas à mon poste, C8 diffusait Radio Baba, un programme inédit durant lequel Cyril Hanouna et son équipe ont enchaîné les canulars téléphoniques. Au cours de l'émission, l'animateur vedette de C8 a répondu aux appels de personnes intéressées par la fausse annonce de Jean-José, bisexuel de 26 ans proposant une relation "courte ou longue".
Sur les réseaux sociaux, les internautes ont été nombreux à juger cette séquence homophobe. Plus encore, le CSA avait reçu pas moins de 20 000 plaintes.
Après la polémique, Cyril Hanouna avait présenté ses excuses en direct, à l'antenne de Touche pas à mon poste. Mais le trublion du PAF ne s'est pas arrêté là. En effet, il a publié, dans Libération, une lettre ouverte adressée à ses "petites beautés et tous les autres".
Un mea culpa qui n'a visiblement pas suffi à calmer le scandale puisque plusieurs annonceurs avaient rompu leur contrat avec Touche pas à mon poste, faisant savoir qu'ils ne souhaitaient pas être associés à l'émission. D'après nos confrères de Puremédias, chaque numéro du programme dépourvu d'espaces publicitaires engendrerait un manque à gagner de 135 000 euros par jour pour C8.
Jusqu'alors silencieux, Vincent Bolloré - propriétaire de Vivendi, maison mère du groupe Canal+ - a enfin réagi. Comme le rapportent nos confrères du Figaro, il s'est exprimé de jeudi 1er juin "lors d'une assemblée générale du groupe Bolloré".
Après avoir estimé "suffisantes" les excuses présentées par Cyril Hanouna, il a poursuivi : "Il a fait une bêtise, il a dit une plaisanterie qui franchement n'était ni à faire, ni à refaire, il s'est excusé deux fois, qu'est-ce que vous voulez que je fasse ? Je ne peux personnellement rien faire de plus que de dire 'voilà on va serrer les dents et on va continuer'."
Cyril Hanouna a été reçu mercredi 31 mai par la secrétaire d'Etat Marlène Schiappa. "Le fait de disposer un buzzer ou d'un panneau d'avertissement a été évoqué dans la discussion avec la direction et la production de la chaîne (...) Il était très désireux de savoir comment attirer l'attention des téléspectateurs sur d'éventuels faits inacceptables", a-t-elle rapporté à nos confrères de L'Obs.
Rappelons que depuis, H2O a déposé une plainte contre X pour dénonciation calomnieuse au tribunal de grande instance de Montpellier, une plainte contre X pour diffusion de fausses nouvelles au tribunal de grande instance de Paris et une dernière plainte pour diffamation, avec constitution de partie civile, mais à l'encontre de Nicolas Noguier, le président de l'association Le Refuge.
Au lendemain du prime time TPMP, Radio Baba qui avait diffusé un "canular" piégeant des homosexuels à l'aide d'une fausse annonce coquine publiée sur un site de rencontres, Le Refuge avait affirmé avoir reçu dans la nuit l'appel d'un jeune homme en détresse. Démasqué par ses parents selon ces mêmes allégations, ce dernier aurait été chassé de chez lui avant de contacter l'association en pleurs. Un récit qui avait inévitablement amplifié la grogne à l'encontre de Cyril Hanouna et de Touche pas à mon poste.
Seulement voilà, selon Me Stéphane Hasbanian, avocat de H2O Productions, cette "information" comporterait de nombreuses contradictions et "le jeune homme prétendument rejeté par ses parents" n'aurait en fait tout bonnement "jamais existé". L'avocat précise d'ailleurs que ces plaintes ne sont "nullement dirigées contre le Refuge".
Une fake news qui, si elle est avérée, a selon l'avocat amplifié le nombre de signalements à l'encontre de l'émission, provoqué le départ massif d'annonceurs et engendré la publication d'innombrables articles jetant le discrédit sur l'émission et ses équipes. C'est pour ces raisons, afin d'établir la vérité autour de ce témoignage, que la société de production aurait pris des dispositions judiciaires.
Pour finir, H2O reproche à Nicolas Noguier un tweet (effacé quelques heures après sa publication dimanche) rendant publique une déclaration du directeur de l'association, Frédéric Gal, faite à la police et indiquant que le jeune homme prétendument chassé de chez lui avait reçu des pressions dans le but de ne pas porter plainte contre la société en échange d'une venue dans le show médias. "Une diffamation publique", pour H2O.
Une enquête policière devrait être ouverte prochainement à la suite de ces trois plaintes, et les appels téléphoniques remontés prouveront ou pas l'existence de ce jeune homme.