Le 14 janvier 1986, en plein Paris-Dakar, Daniel Balavoine meurt dans un accident d'hélicoptère avec quatre autres personnes. Son fils Jérémie n'a que 18 mois et sa compagne Corinne est enceinte d'une petite fille. Joana naît en juin. Passionnée de musique, elle prend aujourd'hui la parole dans le documentaire J'me présente, je m'appelle Daniel de Didier Varrod et Nicolas Maupied, que diffusera France 3 le 30 décembre. Paris Match l'a rencontrée.
Il a fallu que je prenne le temps de découvrir papa par moi-même
À 29 ans, Joana raconte son parcours pour faire le lien entre un père qu'elle n'a jamais connu et un homme public, aimé et chéri par beaucoup. Elle parle très joliment d'un "paradoxe entre son absence et sa présence permanente". Elle a d'abord rejeté l'idée d'aller "chercher un père" dont elle savait qu'il ne "pourrait jamais être là". Puis elle a enfin accepté et compris que se connecter à ses racines était essentiel. "Il faut un peu de courage, confie Joana à Paris Match. Accepter d'être toute sa vie dans sa découverte." C'est d'ailleurs la raison pour laquelle elle ne parle qu'aujourd'hui : "Il a fallu que je prenne le temps de découvrir papa par moi-même."
Bien sûr, il y a ses chansons, comme Aimer plus fort que d'être aimé, la première qui l'a vraiment touchée quand elle était enfant. L'album Sauver l'amour est son préféré - un "condensé de l'homme qu'il était, dans la cohérence de ses convictions". Il y a les textes aussi, sa manière d'écrire qui résonne en elle. Et sa forte personnalité. Joana se retrouve dans les images de son père. Et, au-delà de l'artiste, elle admire l'homme, qu'elle décrit ainsi : "Essentiel, engagé, sanguin, authentique : ce sont les mots qui me viennent à l'esprit. Avec un rapport fondamental à la vie : fais comme tu penses et pense comme tu fais."
Cet engagement fait partie de son héritage. "Depuis la mort de Coluche et de papa, on cherche toujours celles et ceux qui vont ramener leur gueule pour faire bouger le monde", regrette-t-elle. Face à la montée des extrémismes religieux, comme du FN, Joana estime que sa génération se réveille. "Le message que papa nous laisse encore, c'est l'action. Le contraire de la démobilisation. On lève le poing comme lui et on y va ! C'est ainsi que je peux me convaincre qu'il n'est pas mort pour rien."
Être une Balavoine, c'est une chance... Je n'observe que du respect !
Joana est passionnée de musique. Elle en fait son métier. En 2011, pour l'émission Balavoine évidemment, elle formait un duo avec Marc Lavoine sur Sauver l'amour. Ce nom qu'elle porte ne lui fait pas peur, au contraire. Ses parents n'étaient pas mariés à sa naissance. Joana portait donc le nom de sa maman - qui s'est battue pour qu'elle puisse porter celui de son père. "Papa avait plusieurs fois annoncé à des médias que maman était enceinte", raconte la jeune femme. Pour la justice, une preuve suffisante qu'elle est bien une Balavoine. Un nom qu'elle chérit : "Ce nom me fait du bien, parce je vois papa dans les yeux des gens. C'est assez impressionnant... Être une Balavoine, c'est une chance... Je n'observe que du respect, un immense amour et beaucoup de considération !"
À l'occasion du trentième anniversaire de la disparition de Daniel Balavoine, une compilation de ses plus belles chansons vient de paraître. Elle est agrémentée de trois inédits, dont Ça sert à quoi, interprété à l'origine par Catherine Ferry. Le 8 janvier paraîtra Balavoine(s), un tribute album sur lequel on retrouvera Jenifer, Zaz, Florent Pagny ou encore Emmanuel Moire. Une partie des bénéfices sera reversé à la fondation qui porte le nom du chanteur.
Paris Match, en kiosque le 17 décembre 2015.