Debi Thomas : L'ex-championne a tout perdu et vit dans un mobile home

Quand rien ne va plus et qu'elles ont touché le fond, les stars d'antan en perdition, aux Etats-Unis, ont toujours une ultime opportunité pour tenter de rebondir : la télévision, prête à recueillir le récit de leur descente aux enfers, leur remords, leur détresse... Debi Thomas, ancienne championne de patinage artistique, vient d'ajouter son nom à la liste.

Plus que toutes autres personnalités, les grands noms du sport semblent les plus sujets à tomber de haut. Si elle n'a pas dilapidé les sommes faramineuses que certaines anciennes gloires de la NBA ont flambées, Debi Thomas n'en est pas moins aujourd'hui ruinée. Première Afro-Américaine titrée championne de patinage artistique des Etats-Unis en 1986, championne du monde la même année et vice-championne du monde l'année suivante, elle devenait en 1988 la première athlète noire à décrocher une médaille lors de Jeux olympiques d'hiver. C'était à Calgary, et sa rivalité avec l'Allemande Katarina Witt avait animé la compétition : annoncées favorites, toutes deux avaient présenté un programme long dont la bande-son était extraite de l'opéra Carmen, de Georges Bizet – d'où le surnom de "bataille des Carmen" alors donné à cet épisode. Comme aux championnats du monde 1987, Katarina Witt l'a emporté... Debi Thomas n'a glané qu'une médaille de bronze, de même qu'aux championnats du monde la même année, à l'issue desquels elle a annoncé sa retraite sportive.

L'histoire ne s'arrête pas là pour autant. Déterminée depuis l'âge de 5 ans (où elle commença le patin à glace) à devenir médecin, et déjà engagée dans un cursus préparatoire à l'université de Stanford tandis qu'elle patinait en compétition, Debi Thomas, diplôme d'ingénieur en poche en 1991, entrait ensuite à l'école de médecine Feinberg de l'université Northwestern, pour en ressortir en 1997 et devenir, après son internat dans l'Arkansas et à Los Angeles... chirurgien orthopédique, en 2005. Une brillante reconversion qui l'a vue devenir une spécialiste reconnue des prothèses de la hance et du genou : en 2010, elle ouvrait d'ailleurs son propre cabinet en Virginie, ORTHO X-cellence Debra J. Thomas. Une affaire qui a périclité et plongé l'ex-championne, dont le droit d'exercer qu'elle détenait dans plusieurs Etats a expiré, dans une situation terrible.

Son calvaire, Debi Thomas, 48 ans, l'a raconté samedi sur la chaîne d'Oprah Winfrey, OWN Network, dans l'émission Iyanla: Fix My Life, lors d'un entretien poignant, et à nouveau dans le talk-show Good Morning America lundi. En détresse, l'ancienne patineuse a révélé les dessous insoupçonnés de sa faillite personnelle et professionnelle, et notamment ses problèmes conjugaux : battue par son compagnon alcoolique, ruinée par deux divorces qui ont déchiré sa famille...

Face à Iyanla Vanzant, tout ce que Debi Thomas a trouvé à dire, c'est qu'elle est "frustrée". "Frustrée ? Vous en êtes arrivée à un point où vous ne pouvez pas faire autrement que vivre dans un mobile home et c'est tout ce que vous avez à dire ? Pas triste, pas en colère, pas humiliée ? Pas coupable de vous retrouver avec un compagnon et deux enfants dans un mobile home infesté de punaises de lit ? De la frustration, rien d'autre ?", la presse l'animatrice. Debi fond en larmes, mais campe sur ses positions. "Voilà ce que je sais, poursuit Ilanya, vous vivez dans un mobile home dans les Appalaches et votre fils n'est même pas avec vous ! Vous élevez les enfants d'un autre ! Alors vous pouvez me dire ce que vous voulez, mais ce qui importe, c'est que vous vous disiez à vous-même la vérité."

La vérité, c'est que Debi Thomas a été ruinée par son divorce avec son second époux, Chris Bequette, qui lui a fait tout perdre : son cabinet médical, mais aussi et surtout la garde de son fils aujourd'hui âgé de 18 ans, Christopher. Avec son compagnon actuel, Jamie Looney, père de deux enfants et sujet à des problèmes d'alcool, la situation n'est guère plus rose : "Oui, il m'a frappée", a-t-elle avoué dans la même émission, assurant qu'il est sobre depuis six mois et qu'aucun autre cas de violence domestique ne s'est produit. "On y travaille. Est-ce qu'on se cherche parfois ? Oui", a-t-elle toutefois concédé dans Good Morning America, où elle a détaillé sa détresse financière en répétant que tout perdre d'un coup peut arriver à n'importe qui.

Le couple a lancé en début d'année un appel aux dons via le site GoFundMe (une page appelée "Help Olympian Family") pour s'en sortir et réaliser le nouveau "rêve" de Debi Thomas, qui n'a curieusement aucune intention de reprendre ses activités de chirurgienne : mener un programme social de réhabilitation à destination des mineurs des Appalaches, et... lancer une émission de téléréalité, Can We Go Nowhere Any Faster?, d'abord sur YouTube puis en télévision, et si Dieu le veut, en tirer un maximum de profit en produisant du merchandising autour. "Merci mon Dieu pour YouTube", clame d'ailleurs Debi Thomas dans un message (où elle nie tout problème de violence domestique, d'alcool, et ne veut retenir que le processus de "guérison"...) publié après le buzz de ces derniers jours, sans doute ravie de l'attention providentielle générée par ses passages télé. Cela étant, les 10 000 dollars nécessaires à la réalisation de son grand projet sont encore loin, après dix mois de collecte...