"C'était l'un de nos plus formidables compatriotes. Au cours de nos rencontres en face-à-face, je prenais conscience un peu plus à chaque fois qu'il ne s'était jamais éloigné de la Russie et qu'il aidait toujours sa patrie par des actions concrètes" : ces mots ont été ceux du Premier ministre russe Dimitri Medvedev à l'annonce de la mort de Dimitri Romanovitch, qu'il avait décoré en octobre dernier, lui remettant à Moscou l'ordre d'Alexandre Nevski. Né en France à Antibes et mort au Danemark à Copenhague, le prince russe, qui était le chef de la Maison Romanov depuis la disparition en 2014 de son frère aîné le prince Nicolas, s'est éteint dans la soirée du 31 décembre 2016 dans un hôpital de la capitale danoise, selon une annonce faite par son épouse la princesse Theodora (née Dorrit Reventlow). Agé de 90 ans, il avait été admis la semaine dernière à la suite d'une soudaine dégradation de son état de santé.
Fils cadet, né en 1926 quatre ans après Nicolas, du grand-duc Roman Petrovitch, cousin du tsar Nicolas II, Dimitri Romanovitch a passé une dizaine d'années en France, où il a été élevé dans la culture russe, avant que sa famille s'installe en Italie au milieu des années 1930. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, le clan, menacé et contraint à la clandestinité en raison de ses affinités avec la famille royale italienne, s'exile en Egypte, où le jeune Dimitri travaille un temps comme mécanicien dans une usine Ford. Le renversement en 1952 du roi Farouk rendra à nouveau la situation des Romanov délicate, entraînant son retour en Italie. Un an après son mariage avec Johanna von Kauffman, en 1959 à Copenhague, le prince Dimitri Romanovitch s'installe au Danemark, où il effectuera toute une carrière dans le milieu bancaire, jusqu'à sa retraite en 1993. Cette année-là, veuf depuis quatre ans, il épouse en secondes noces la comtesse Dorrit Reventlow (elle-même veuve depuis 1985) à Kostroma, ville où avait eu lieu le couronnement de Michel Ier de Russie, premier tsar de la famille Romanov. Il s'agit de la première union d'un Romanov sur le sol russe depuis la révolution de 1917.
S'il n'a pas eu d'enfants, le prince Dimitri Romanovitch avait le sens de la famille et de l'altruisme, s'investissant d'une part dans la perpétuation de l'histoire de la dynastie au sein de l'Association de la famille Romanov dont son père avait posé les fondements de son vivant, et d'autre part dans diverses actions philanthropiques, en particulier en faveur du peuple russe. L'Association avait d'ailleurs acté en 1992 à Paris la création d'un fonds caritatif pour la Russie, dont il était le directeur. Il avait par la suite instauré en 2006 un autre fonds en son nom propre. Le 6 octobre dernier, Dimitri Medvedev lui avait remis l'ordre d'Alexandre Nevski, instauré en 2010, résurrection de l'ordre impérial de Saint-Alexandre Nevski aboli en 1917 par les bolcheviques. Un honneur réservé aux plus grands serviteurs de la Mère Patrie.