Il n'avait fallu que quelques minutes au juge Richard Robinson, en février 2017 à Londres, pour répondre favorablement à la demande de divorce de la princesse Tessy de Luxembourg et mettre fin à son mariage avec le prince Louis en prononçant en l'absence des deux intéressés un decree nisi – phase préliminaire de la procédure de divorce dans le droit anglais. D'ordinaire, ce jugement provisoire est acté définitivement dans les six semaines qui suivent, sauf contestation motivée. Or, huit mois plus tard, les ex-conjoints, tous deux âgés de 31 ans, s'affrontent devant un tribunal et la bataille autour des termes du divorce s'annonce aussi âpre que leur séparation...
En janvier 2017, l'image idyllique du couple formé par le prince Louis de Luxembourg, troisième des cinq enfants du grand-duc Henri et de la grande-duchesse Maria Teresa, et la princesse Tessy (née Antony), son épouse depuis près de onze années, volait en éclats lorsque la cour grand-ducale, évoquant des "circonstances douloureuses", signalait leur décision de divorcer. Mère de deux beaux garçons – Gabriel (11 ans) et Noah (qui a eu 10 ans en septembre) – avec le prince, la jeune femme ne tardait pas à communiquer par elle-même pour confirmer la nouvelle : "Il est extrêmement triste pour tous les deux de prendre conscience que nous allons désormais mener notre vie séparément", soulignait-elle à propos de l'échec de son mariage avec celui qu'elle avait connu dans les rangs de l'armée luxembourgeoise – elle s'était engagée en 2003 – dans le cadre d'une mission de l'OTAN au Kosovo. Sans exprimer de griefs et en mettant en avant leur volonté de rester "toujours unis en tant que parents de [leurs] deux garçons chéris".
Le mois suivant, le ton n'était plus le même, au moment de motiver sa demande de divorce : Tessy, dont la page sur le site institutionnel de la cour luxembourgeoise a promptement disparu, invoquait alors devant un tribunal de Londres, leur ville de résidence, le "comportement déraisonnable" du prince Louis, attesté par des faits versés au dossier. Un dossier épineux dont la section des affaires familiales de la cour supérieure de Londres s'est saisie vendredi 13 octobre 2017 pour arbitrer le conflit entre les deux ex-époux et décider des prestations compensatoires et du partage des biens (ce qui comprend notamment leur domicile dans le quartier de Kensington).
Car la tendance ne semble pas être à une résolution à l'amiable : "Ma cliente n'a aucun désir d'intenter une action en justice et a formulé une proposition très raisonnable et sensée. Malheureusement, cette proposition a été rejetée et ma cliente n'avait d'autre option que de porter sa requête devant la justice", a déclaré devant la cour le conseil de Tessy, Deborah Bangay, lors de l'audience préliminaire, dans des propos rapportés par The Daily Telegraph. L'argent est donc au coeur du litige... Le quotidien britannique note que le juge concerné a adressé aux médias une injonction leur interdisant de divulguer les détails financiers discutés devant la cour concernant ce divorce. "Elle n'est pas une croqueuse de diamants. Loin de là. Elle cherche simplement à obtenir un arrangement juste et convenable", a insisté l'avocate devant les médias à l'issue de l'audience. Des mots qui n'étaient pas choisis au hasard : la princesse Tessy a en effet été la cible au Luxembourg d'un article jugé assassin paru dans le tabloïd Privat. Elle y était dépeinte comme une profiteuse qui ne s'était mariée avec un prince que par intérêt personnel et qui ne serait jamais rien que "la fille d'un couvreur".
Devant la cour londonienne, les débats ont quelque peu dégénéré lorsque les assistants du prince Louis de Luxembourg ont été accusés d'avoir vilipendé Tessy auprès des médias luxembourgeois – sous-entendu : d'avoir suscité ce papier malsain de Privat. "Mon client est révolté par cela. Il n'a aucune idée d'où ça sort. Nous partageons leur dégoût et ferons tous ce qui est en notre pouvoir pour empêcher que cela arrive", a réagi l'avocat du fils du couple grand-ducal, James Ewins. Mais le prince Louis a aussi perdu son sang-froid lorsque son équipe a été taxée de vouloir faire traîner le divorce pendant des années à moins que Tessy n'accepte un accord. Se tournant vers son ex-compagne, le jeune homme a alors démenti ces allégations avec une véhémence que le juge Justice MacDonald a dû interrompre avec autorité : "Vous êtes des adultes et j'attends de vous que vous vous comportiez comme tels dans mon tribunal", a-t-il tempêté.
À l'issue du divorce, Tessy, directrice et cofondatrice de l'ONG Professors without borders (Professeurs sans frontières) et qui mène de nombreuses activités philanthropiques (notamment ambassadrice des Nations unies pour les jeunes femmes et les adolescentes), perdra son titre d'altesse royale et ne sera plus princesse. Un horizon qu'elle prépare déjà : sur Instagram, elle ne s'appelle plus Tessy "of" Luxembourg, mais Tessy "from" Luxembourg. Un détail qui n'en est pas un.