À ce rythme-là, David Cameron va finir par détrôner le prince Philip et voler au duc d'Edimbourg la palme du plus gros gaffeur du royaume ! Coupable d'avoir rompu le sceau de la confidentialité due à la reine Elizabeth II et d'avoir raconté qu'elle "ronronnait" de plaisir, le Premier ministre britannique, "extrêmement embarrassé" d'avoir cancané et dans ses petits souliers, a dû présenter de plates excuses à la monarque...
L'humiliation de son congé estival n'aura donc pas été le pire raté de David Cameron ces dernières semaines. En vacances au Portugal avec son épouse Samantha, le leader conservateur avait mis en scène pour la presse leur séjour en se faisant photographier dans un marché aux poissons. Des photos quasiment jumelles de celles de l'été précédent, comme l'a mis en évidence le DailyMail, aux dépens des intéressés, moqués. C'était drôle, mais anecdotique. En revanche, ce qui n'est pas anecdotique, c'est de divulguer des commentaires privés de la souveraine britannique, surtout s'agissant d'un sujet aussi sensible que le référendum sur l'indépendance de l'Écosse - qui s'est soldé par le maintien du pays au sein du royaume, à un peu plus de 55%.
Lors d'une discussion avec le milliardaire américain Michael Bloomberg, au siège de la société de l'ancien maire de New York, David Cameron a livré mardi dernier à son interlocuteur des échos de conversations privées avec la reine Elizabeth II... sans se préoccuper des caméras et microphones alentour, susceptibles de tout entendre et enregistrer. Filmé (et il ne pouvait pas l'ignorer, comme la vidéo que nous vous proposons le laisse deviner), le Premier ministre britannique raconta notamment à Bloomberg la réaction de la monarque quand il lui téléphona pour l'informer du vote des Écossais : "La définition même du soulagement, c'est d'être le Premier ministre du Royaume-Uni et d'appeler la reine pour lui dire "c'est bon, c'est OK". C'était vraiment quelque chose... Elle a ronronné de bout en bout... Mais cela n'aurait jamais dû être aussi serré. Ça ne l'était pas au bout du compte, mais il y a eu un moment, au coeur de la campagne, où c'est tombé... J'ai dit que je voulais trouver ces instituts de sondages et les poursuivre pour mes ulcères, pour ce qu'ils m'ont fait vivre. C'était des moments d'intense nervosité." Les critiques acerbes n'ont pas tardé à pleuvoir, concernant ce qui pourrait bien être l'épisode le plus déplaisant de la carrière du gaffeur.
Présent à New York cette semaine dans le cadre de la 69e session de l'Assemblée générale des Nations unies, David Cameron s'est dit "très embarrassé" et "extrêmement désolé" de s'être ainsi laissé aller. Interrogé sur ce dérapage, quant à savoir s'il le regrettait et s'il avait l'intention de présenter ses excuses à la reine, il a répondu : "Oui et oui." Et d'ajouter : "Écoutez, je suis très embarrassé par cette histoire. J'en suis extrêmement désolé. C'était une conversation privée, mais de toute évidence une conversation privée que je n'aurais pas pas dû avoir et qui ne se reproduira pas. Mon bureau a d'ores et déjà pris contact avec Buckingham Palace pour clarifier tout cela, et j'en ferai autant personnellement." Si Downing Street, son bureau, a déjà pris les devants par les voies officielles, Cameron assurait qu'il allait appeler personnellement Elizabeth II, en attendant de pouvoir formuler ses excuses de vive voix. Il ne doit en effet pas revoir la monarque, actuellement dans son fief écossais de Balmoral, avant le mois d'octobre et son retour à Londres.
Si c'est la plus "remarquable", ce n'est pas le tout premier écart de David Cameron concernant ses échanges avec la souveraine. Lors d'une rencontre avec l'un des producteurs de la pièce The Audience, mettant en scène le personnage de la monarque sous les traits de l'excellente Dame Helen Mirren, adoubée pour sa performance, le Premier ministre avait partagé un trait d'humour d'Elizabeth II, qui s'amusait d'être représentée en train de s'endormir lors d'une de leurs réunions et lui assurait que ce n'était jamais arrivé en vrai... "pour le moment". En décembre 2013, il avait indirectement perturbé un procès concernant la chef Nigella Lawson, dont il s'était déclaré "secrètement fan", obligeant le juge à demander aux jurys de ne pas tenir compte de son opinion. En 2011, il avait également confié l'opposition du prince William au projet de fermeture de plusieurs bases de sauvetage dans le cadre de la réduction du budget de la Défense.