En plein entre-deux tours des législatives, Emmanuel Macron s'est envolé mardi 14 juin 2022 pour l'Europe de l'Est, prenant du champ avec la campagne, mais non sans appeler les Français au "sursaut" avant son départ, de quoi inquiéter son camp à quelques jours d'un second tour à haut risque. Au moment d'embarquer pour son voyage consacré à la crise ukrainienne, le président s'est adressé aux Français depuis le tarmac d'Orly, solennel, au pied de l'avion présidentiel, les exhortant à ne pas ajouter un "désordre français au désordre mondial" et à lui donner dimanche une "majorité solide". C'est avec ce même avion qu'il s'est rendu en Ukraine pour un voyage capital. Il était accompagné du chancelier allemand Olaf Scholz et du chef du gouvernement italien Mario Draghi pour évoquer, outre le soutien militaire, la demande de l'Ukraine de rejoindre l'Union européenne.
Sa photographe officielle Soazig de la Moissonnière a immortalisé une rare scène qui a eu lieu dans son jet présidentiel et notamment de son bureau. Dans cet espace limité mais luxueux, il peut se préparer sur les questions géopolitiques les plus complexes.
Cela fait plus de dix ans que la flotte présidentielle comprend un Airbus A330-200 de Cotam Unité de l'Armée de l'air. Il a été acquis en 2010 sous la présidence de Nicolas Sarkozy et a été réaménagé et spécialement équipé pour que le président et son équipe puissent se déplacer de façon souple et sûre tout en gardant le contact avec les responsables civils ou militaires. L'objectif étant de ne provoquer aucun retard de réaction en cas de crise. Le coût de cet engin est de 22 482 euros par heure de vol, selon les précisions apportées par l'Elysée auprès de Capital.
Le président était attendu mardi soir en Roumanie, où 500 soldats français sont déployés sur le flanc oriental de l'Otan, puis mercredi dans la Moldavie voisine, une ex-république soviétique menacée de déstabilisation par le conflit en Ukraine. Il s'est ensuite rendu à Kiev, avec d'autres dirigeants européens, pour marquer le soutien de l'Europe à l'Ukraine en guerre. Le président français, très impliqué dans la crise ukrainienne, est l'un des rares dirigeants à échanger régulièrement avec le maître du Kremlin Vladimir Poutine, ce qui suscite l'incompréhension dans l'est de l'Europe, et à faire le lien avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. L'enjeu est de taille face à la pression militaire croissante des Russes dans le Donbass, aux appels du président Zelensky à recevoir plus d'armes de l'Occident et à l'approche d'un sommet européen (23-24 juin) qui pourrait décider de la perspective d'adhésion de l'Ukraine et de la Moldavie à l'UE.