Monstre sacré de la musique, "amoureux de la patrie (mais) déçu par la France qui ne sait plus se montrer généreuse à l'égard des sans-papiers et des migrants" selon ses propres mots, Enrico Macias a retenu toute l'attention du quotidien Libération qui a décidé de réaliser son portrait en quatrième de couverture de son édition du vendredi 15 janvier.
Aujourd'hui, Enrico Macias se fait rare en télévision et, plus globalement, dans les médias. Après 50 ans de carrière et autant de millions de disques vendus, le chanteur oriental semble fatigué par les tracas de la vie. Sans doute que la bataille judiciaire dans laquelle il est toujours lancé ne l'aide pas à couler des jours heureux : "Je suis en procès contre cette banque qui m'a floué. Mon seul bien, ma maison de Saint-Tropez, me coûte une fortune", déplore celui qui est aujourd'hui locataire de son appartement parisien.
La propriété avait servi de gage dans un emprunt souscrit par le chanteur auprès d'une banque qui a fait faillite en 2008. Quelques mois plus tard, un scandale de malversations éclate et la justice luxembourgeoise s'en mêle. En première instance, Enrico, qui s'estime pourtant victime d'une escroquerie, est condamné à payer 30 millions d'euros à une filiale luxembourgeoise de la banque islandaise Landsbanki. Une décision qui "fait rire" le chanteur qui avait contracté un prêt de 35 millions d'euros auprès de cet établissement et n'en avait touché que 9 (le reste a été investi par la banque dans des placements qui se sont avérés, par la suite, frauduleux). Bien plus que financière, la valeur de cette maison est affective pour Enrico Macias. Cette bataille prend alors une dimension bien différente : c'est le combat pour sauver la "boîte à souvenirs" de toute une vie d'amour pour Suzy.
Avec l'âge, Enrico, 77 ans, se sent de plus en plus seul. "Plus on avance en âge, plus le cercle d'amis se réduit forcément. Et plus on se sent parfois un peu seul", déplore-t-il dans les colonnes du quotidien. Autrefois, il y avait son épouse Suzy... Cette femme qu'il a aimée de façon inconditionnelle pendant quarante ans. En 2008, la vie a repris ses droits, Suzy s'en est allée laissant Enrico veuf. "La cicatrice aurait pu se refermer depuis le temps mais oui, ce retour raté me hante, surtout quand je vois le temps qui passe, cet appartement trop grand. C'est bien pour les petits enfants. Enfin, quand ils sont là...", souligne le chanteur.
Désormais, Enrico n'a plus pour seule compagnie que son fidèle public. Celui-là même qui l'applaudira sur la scène de l'Olympia jusquà ce soir, dimanche 17 janvier : "J'ai toujours eu peur d'être lâché par mon public." D'ailleurs, Enrico souffre parfois de ne pas renvoyer l'image de l'homme qu'il est vraiment au travers de ses chansons. "Je crois que j'ai donné une image qui n'est pas forcément la mienne, celle du type joyeux. Les gens me voient toujours comme un homme gai", déplore-t-il. Toujours est-il qu'Enrico transmettra sa joie au public encore et encore en ce week-end, quel que soit son vrai visage.
Joachim Ohnona