Mercredi dernier, la justice luxembourgeoise condamnait Enrico Macias à payer 30 millions d'euros à une filiale luxembourgeoise de la banque islandaise Landsbanki. Une décision qui "fait rire" le chanteur qui avait contracté un prêt de 35 millions d'euros auprès de cet établissement en 2007 avant que ce dernier ne fasse faillite peu de temps après.
Une décision "absurde"
L'affaire remonte à 2007 donc, quand Enrico Macias et sa femme aujourd'hui décédée contractent un prêt de 35 millions d'euros auprès de cette banque. Les époux mettent en garantie deux de leurs demeures, dont la villa de Saint-Tropez, et encaissent 9 millions d'euros, quand le reste est placé sur des contrats d'assurance vie de la banque, conformément aux termes du prêt. Un an plus tard, la banque fait faillite. Au Luxembourg, une première action judiciaire est engagée par le liquidateur de la banque qui souhaite récupéré les sommes prêtées. C'est sur ce volet judiciaire qu'a été condamné Enrico Macias, qui a décidé de faire appel.
"J'avoue qu'en apprenant la nouvelle, sur le coup, j'ai un peu paniqué, confie-t-il au Parisien. Puis j'ai appelé mes avocats qui m'ont rassuré. Cette décision n'a aucun sens et n'est pas exécutoire en France. Bien entendu, nous allons la contester." Même son de cloche chez son avocat, Me Edouard de Lamaze, qui fulmine face à cette décision incompréhensible. "C'est absurde : c'est comme si les liquidateurs de Bernard Madoff demandaient à ses victimes de rendre l'argent qu'elles lui avaient confié. Cette décision est un réflexe nationaliste d'un tribunal envers une banque locale", ajoute l'avocat.
Enrico Macias assure lui n'avoir "jamais été sollicité". Il n'a ainsi pu présenter ses arguments et juge cette décision "unilatérale". Il explique n'avoir jamais touché l'intégralité de la somme qu'on lui réclame, puisqu'une partie a été placée sur les contrats d'assurance vie de la banque luxembourgeoise... Et Enrico Macias va même plus loin : "Je n'ai pas peur de dire que je soupçonne la justice luxembourgeoise d'être de connivence avec cette banque."
La banque poursuivie en France
Si l'avocat de Landsbanki assure que les prêts "étaient tout à fait sains, et les emprunteurs informés du risque qu'ils prenaient", une procédure judiciaire est pourtant en cours en France au pôle financier de Paris.
Le juge d'instruction Van Ruymbeke qui mène l'enquête soupçonne les prêts octroyés par la banque d'avoir financer des investissements spéculatifs toxiques. La banque a ainsi été mise en examen pour escroquerie, ainsi que trois de ses cadres commerciaux chargés de démarcher des clients en France, et s'est vue imposer le paiement d'une caution de 50 millions d'euros, contestée par le liquidateur mais confirmée par la Cour de cassation. "Jusqu'ici, l'instruction me donne raison : la banque est mise en examen pour escroquerie, et ses créances ont été saisies. Tout indique que cette enquête ira à son terme et me reconnaîtra comme victime", souligne Enrico Macias.
Et le chanteur français n'est pas le seul à avoir été victime de la banque. En France, ce sont pas moins de 70 plaignants qui se sont joints à la plainte d'Enrico Macias. En Europe, principalement en Espagne et au Portugal, ils seraient plus de 400 à avoir été les victimes de la faillite de Landsbanki. Avec, indique le Parisien, dans la plupart des cas, un arrangement à l'amiable avec le liquidateur.