Bientôt dix ans après Bring me to Life, hit qui avait fait du sombre album Fallen un succès planétaire écoulé à plus de 17 millions d'exemplaires, Evanescence, déjouant le pronostic de son nom au goût d'éphémère, s'inscrit dans la rémanence, dans la survivance même, ayant réchappé de deux vagues de départs (Hoodges et Moody en 2002-2003, Boyd, Gray, et LeCompt en 2006-2007). L'essentiel étant que l'âme, la voix et le visage du groupe, en la personne de la charismatique Amy Lee, persistent et signent.
Avec son nouveau line-up, Evanescence s'est payé le luxe d'une sorte de résurrection, s'invitant l'été dernier en tête des charts américains à la sortie de son nouvel album, éponyme : Evanescence. La recette, malgré les remous qui ont agité la gestation de l'opus (notamment le débarquement du producteur star Steve Lillywhite en 2010, remplacé un an plus tard par Nick Raskulinecz), n'est pas spécialement novatrice, mais la signature nu-metal mâtinée d'ambiance gothique et d'aura féminine puissante fonctionne toujours. Et Evanescence jouit toujours d'une notable crédibilité, comme a pu en témoigner son invitation à jouer deux de ses titres lors du concert pour le Prix Nobel de la Paix en décembre 2011.
Après What you want, single qui avait annoncé ce retour aux affaires du groupe de Little Rock, Amy Lee et ses amis se font remarquer avec My Heart is Broken, complainte musclée et mélodramatique dans la veine de ce à quoi Evanescence nous a habitués. Ce second extrait, dévoilé à Halloween, s'enrichit d'un clip faisant naturellement la part belle à sa vocaliste(-comédienne), qui souffre mille tourments à l'écran. Si vous ne saisissez pas spontanément la puissance dramatique de l'exercice, c'est que vous ignorez le background terrifiant de cette chanson, l'une des plus "passionnées de l'album", comme l'a révélé Amy Lee à la revue Kerrang! : "Un de mes bons amis dirige une association, à New York, qui vient en aide aux victimes de trafic sexuel. Mon mari et moi nous sommes impliqués et avons été bouleversés, horrifiés. Et en écrivant la chanson, je me mettais à cette place - qu'est-ce que ça fait d'être piégée, menacée, seule, dans l'incapacité de prévenir qui que ce soit ?"
Tourné le 1er décembre devant la caméra de Dean Karr (Velvet Revolver, Seether) et en utilisant notamment de la fibre optique, le clip prend ses inspirations fantastiques auprès du film d'horreur Paperhouse (1998) afin de plonger dans le surréalisme d'un monde que l'héroïne crée à l'envi, avant de se rendre compte qu'elle en est prisonnière et que le rêve a tourné au cauchemar.