Vahina Giocante signe une tribune pour présenter la nouvelle campagne d'affiche de PeTA, l'association de défense des animaux. L'actrice nous raconte sa prise de conscience et sa "transition de déconditionnement" vers un mode de vie végan. Elle dénonce avec force l'influence de l'industrie sur notre perception des animaux. Nous reproduisons ici son texte dans son intégralité :
"Nous sommes constamment bombardés d'affiches de publicité montrant des morceaux de viande dans différents scénarios et divers emplacements dans l'espace public, que ce soit sur d'immenses panneaux publicitaires dans la rue, au supermarché ou dans le métro... et la plupart d'entre nous n'y prêtent plus grande attention.
Mais la présence de ces images de viande dans notre champ de vision quotidien normalise un système qui est tout sauf 'normal'. Nous absorbons inconsciemment ces messages néfastes diffusées par des industries pour tenter de rendre légitime la cruauté à grande échelle qu'implique la 'production' de chair animale.
C'est pour cela que je souhaite arrêter votre attention aujourd'hui sur une campagne qui me semble essentielle, car elle vise à défaire la désensibilisation systématique dont nous sommes victimes sans le savoir, envers les êtres que nous consommons.
"Les affiches de PeTA cherchent à nous aider à renouer avec notre compassion, celle que la plupart d'entre nous ressent au fond de soi envers les animaux, ces êtres vulnérables qui ont besoin de notre protection. Mis face à une vache, un cochon et une poule accompagnés du slogan 'Je ne suis pas un bout de viande, je suis quelqu'un. Ne me mangez pas', nous sommes invités à refaire le lien entre le steak, l'escalope ou les lardons dans notre assiette et l'être sensible dont ils proviennent.
J'ai moi-même fais cette transition de déconditionnement en 2005, à la suite d'une projection du documentaire Earthlings et de la prise de conscience que cela a provoqué. La vision de ces images d'horreur a impacté ma rétine, mon cerveau et mon coeur avec une telle force qu'il m'était impossible d'associer le terme 'plaisir' avec la consommation de viande, je n'y voyais plus un plat mais un cadavre.
Il faut refaire le lien entre le steak, l'escalope ou les lardons dans notre assiette et l'être sensible dont ils proviennent
Dès lors, impossible de voir la viande comme autre chose que ce qu'elle est vraiment : la chair d'un animal qui a été confiné, mutilé, maltraité et finalement tué de manière violente et terrifiante. Ce sont des millions d'animaux qui sont abattus chaque jour en France pour notre consommation, alors que chacun d'entre eux est un individu sensible capable comme nous humains, de ressentir des émotions et de la douleur.
Il a fallu m'éduquer et débuter un chemin de conscience. Ma transition vers une alimentation végane a été progressive, freinée par des habitudes culturelles et l'impression fausse que ce ne serait pas aussi facile que ça l'a été. J'ai continué à m'exposer à des films documentaires comme Cowspiracy ou What the Health.
Depuis lors, ma vie entière a pris une direction différente : je m'informe, me positionne, fais entendre ma voix pour ces milliards d'êtres dont les hurlements de douleur ne nous parviennent que trop rarement et qu'il est insupportable d'entendre.
Si vous trouvez inadmissible que l'on puisse consommer un chien, pour ma part je ne vois aucune différence entre ma chienne, une vache, une poule ou un cochon
J'ai adopté un chien issu d'une ferme à viande en Corée du sud, et aujourd'hui elle est devenue une ambassadrice de la cause animale. Si vous trouvez inadmissible que l'on puisse consommer un chien, pour ma part je ne vois aucune différence entre ma chienne, une vache, une poule, un cochon et toutes les espèces que nous exploitons et consommons quotidiennement."
"Les poules sont bien plus intelligentes qu'on peut le croire, et tout comme les chiens, elles sont capables d'empathie. Chacune a une personnalité bien distincte, mais dans les élevages, elles vivent parquées par milliers dans des hangars sales et lugubres, et beaucoup d'entre elles meurent de maladies ou de blessures avant même d'atteindre l'abattoir. Leurs cadavres jonchent les enclos, parmi les survivantes, qui seront eux tuées pour finir rôties, en escalope ou en nuggets.
De nombreuses vidéos attestent des capacités cognitives des vaches : on les voit soulevant des leviers pour s'abreuver ou tirer des loquets avec leur langue pour ouvrir un portail. Elles sont aussi capables d'anticiper un évènement futur – certaines se souviennent, par exemple, que l'éleveur leur enlève chaque veau et tentent donc de cacher ou de protéger leurs petits ou ceux d'une congénère.
Lorsque j'ai visionné des documentaires montrant cette séparation déchirante, il m'est rapidement devenu impossible, en tant que femme et mère, de soutenir une industrie basée sur les grossesses forcées par viol de million de vaches et l'enlèvement de leurs petits veaux après 24h de vie.
Comment soutenir cela, quand on sait que les vaches et leurs veaux établissent des liens affectifs très forts entre eux, tout comme nous et nos enfants ?
Tout comme les chiens qui partagent nos foyers, les cochons sont affectueux, empathiques et joueurs et peuvent coopérer entre eux et communiquer de manière complexe avec leurs congénères.
Malgré cela, la grande majorité des cochons exploités pour leur chair sont élevés dans de grands hangars sombres au sol souillé d'excréments. Les truies passent une partie de leur gestation dans des stalles métalliques si étroites qu'elles ne peuvent pas s'y coucher confortablement et se font enlever chaque portée de porcelets sans jamais pouvoir les élever ni les protéger des mutilations sans anesthésie, du confinement, de l'engraissement et de la mort terrifiante – souvent par asphyxie au CO2 – que l'industrie leur réserve.
Je vous demande donc aujourd'hui de penser aux animaux nés et morts pour notre consommation, et de vous engager à agir pour ne plus participer à leurs souffrances. Il n'y a aucune excuse pour soutenir cette cruauté, alors qu'il est résolument simple, bien plus écologique et beaucoup plus sain de se nourrir sans produits provenant de l'exploitation animale. Je me sens moi-même en bien meilleure santé depuis que j'ai fait la transition vers un mode de vie végan, cette alimentation m'a donné une énergie nouvelle sans culpabilité quotidienne ainsi que la fierté de savoir que je ne contribue à la souffrance de personne pour me nourrir."
Vahina Giocante est une actrice française. Retrouvez de plus amples informations sur le site officiel de PeTA.