Invité de Philippe Vandel sur France Info, Fabien Onteniente est revenu sur la crise que traverse le cinéma français et appelle à une réaction ferme de la part des acteurs du milieu et des politiques. Évoquant sa carrière et notamment l'échec public de son dernier film, Turf, le réalisateur a souhaité parler en ténor expérimenté. Il faut avouer que question comédie française, le cinéaste français en connaît un rayon, lui qui a signé par le passé Jet-Set, Camping ou encore Disco.
Triste constat. Celui qui épinglait l'audace du producteur Vincent Maraval (premier à lancer un pavé dans la mare en évoquant en décembre dernier les films non rentables et les cachets des acteurs) est revenu sur la polémique autour du cinéma français, sur un ton très différent. Deux semaines avant la sortie de Turf, nous avions rencontré le réalisateur qui, sans langue de bois, évoquait la polémique lancée par Maraval : "Il est bien gentil, mais il n'aurait probablement pas dis ça si Astérix avait marché. Il s'est mangé une cacahuète assez lourde, et c'est l'erreur qui le fait parler, l'aigreur."
Un peu moins de quatre semaines après la sortie de son propre film au cinéma, un échec cuisant sous le bras (374 857 entrées au 12 mars 2013), Fabien Onteniente dessine les contours d'un cinéma français malade, et plus particulièrement la comédie française, grand secteur concerné par la polémique, avec un regard plus critique.
Impliqué dans la polémique du fait que ses films sont de grosses productions portées par des acteurs connus de tous (Alain Chabat, Franck Dubosc...), Fabien Onteniente évoque un problème de tarif chez les spectateurs et une créativité limitée : "Il faut se mettre à la place du public pour qui une place de cinéma n'est pas tout à fait donnée. Donc pour se déplacer, il faut que la proposition soit tout à fait nouvelle et je pense que le public subit une érosion d'un certain type de narration."
Pour lui, le cinéma est une "grande famille d'orphelins", vidée de ses hommes de coeur. Pointés du doigt, "certains producteurs [qui] sont comme des coursiers" venant chercher "leurs comm'" et "qui se foutent" de l'oeuvre en question. Excédé par ce cercle vicieux qu'il taclait déjà lorsque nous sommes allés à sa rencontre, Fabien Onteniente pourrait bien se servir de l'échec de Turf pour "se poser des questions [qu'il ne se serait] pas posées si le film avait marché".
Pour celui qui définit son oeuvre comme du "cinéma d'auteur" (il écrit ses propres films), une des raisons du manque de soutien de la part du public à la comédie française, est de voir revenir constamment "les mêmes têtes". Si Onteniente a bien envie de balayer devant sa porte, ses deux prochains films (La Night d'une part, et un film dramatique "surprise") seront développés avec un certain Franck Dubosc...
En attendant, Fabien Onteniente appelle à des "états généraux de la comédie française" afin de tout "mettre à plat" et de repartir sur de bonnes bases. Sera-t-il entendu ?