L'acteur Gérard Depardieu lors de l'avant-première du film Astérix et Obélix au service de Sa Majesté à Berlin le 18 octobre 2012© Abaca
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C'est ce qu'on appelle mettre les pieds dans le plat. Vincent Maraval, distributeur et producteur, fondateur de la société de distribution de films Wild Bunch, dont il est directeur des ventes internationales, propose dans les colonnes du journal Le Monde une analyse particulièrement intéressante du cinéma français, à l'heure où l'exil fiscal de l'un de ses plus grands représentants, Gérard Depardieu, n'en finit plus de faire scandale. Car en attaquant l'acteur, le voile sur ses richesses se lève. Il est bien connu pour ses cachets impressionnants de star, et pour Astérix et Obélix : Au service de Sa Majesté, son salaire peut s'estimer en millions d'euros alors que le film a été une déception au box office. Il n'est pas le seul pourtant et l'article du Monde s'attache, non pas à lyncher les acteurs trop payés, mais à tenter d'expliquer le système vicieux du financement du cinéma français.
"L'année du cinéma français est un désastre," lit-on dans les premières lignes de l'article du Monde du 29 décembre. L'attention des médias est portée sur les frasques immobilières de Gérard Depardieu, alors que c'est tout un système qui pose problème. Le cinéma français repose sur une économie subventionnée et en 2012, à part Le Prénom, ses plus gros succès ont perdu de l'argent. Les chiffres des entrées n'ont rien de honteux, mais ce sont les budgets des films qui, trop élevés notamment à cause du salaire de ses stars, empêchent un long métrage de rentrer véritablement dans ses frais.
Les exemples cités dans Le Monde sont sans équivoque. Dany Boon est payé 3,5 millions d'euros pour la romance Un plan parfait, mais les entrées ne suffiront même pas à rembourser son salaire. Vincent Cassel a été payé 226 000 euros pour son rôle dans Black Swan et le film a rapporté dans le monde entier 250 millions d'euros de recettes. Pour Mesrine, il a été payé 1,5 million d'euros et le film en rapporté 22,6 millions... Les films français sont trop chers et ne sont pas destinés au marché étranger. Depardieu, Cassel... L'auteur de l'article ne veut pas les dénoncer, soulignant qu'ils sont ceux aussi qui acceptent de réduire largement leur salaire pour des films ambitieux (Mammuth pour l'un, les films du collectif Kourtrajmé pour l'autre). Ils sont loin d'être des exceptions et on notera celle de Marilou Berry qui touche trois fois plus pour Croisière que Joaquin Phoenix dans le dernier film de James Gray, Nightingale... "Les acteurs sont riches de l'argent public et du système qui protège l'exception culturelle," lit-on dans Le Monde.
Les films coûtent trop chers par rapport à ce qu'ils rapportent et les stars - et les moins stars - sont bien trop payées par rapport aux entrées qu'elles entraînent. Le problème viendrait selon Le Monde de la surévaluation, ce que les Américains appellent le "above the line". Le cachet des acteurs augmente dans un budget en fonction de sa notoriété sur le marché télévisuel, sa "valeur télé", et c'est bien souvent l'acteur - ou l'actrice - qui entraîne les chaînes de télévisions à s'engager sur un film. Sans l'argent de la télévision, beaucoup de longs métrages ne pourraient pas voir le jour. Malheureusement, "le système d'aide du cinéma français ne profite qu'à une minorité de parvenus", écrit Vincent Maraval. Quelle solution alors ? Le producteur offre des éléments de réponse : "Limitons à 400 000 euros par acteur - et peut-être un peu plus pour un réalisateur -, assorti d'un intéressement obligatoire sur le succès du film, le montant des cachets qui qualifient un film dans les obligations légales d'investissement des chaînes de télévision." Une façon de réguler et de permettre au cinéma français de mieux exister.
Retrouvez l'intégralité de l'article dans le journal Le Monde daté du 29 décembre
"L'année du cinéma français est un désastre," lit-on dans les premières lignes de l'article du Monde du 29 décembre. L'attention des médias est portée sur les frasques immobilières de Gérard Depardieu, alors que c'est tout un système qui pose problème. Le cinéma français repose sur une économie subventionnée et en 2012, à part Le Prénom, ses plus gros succès ont perdu de l'argent. Les chiffres des entrées n'ont rien de honteux, mais ce sont les budgets des films qui, trop élevés notamment à cause du salaire de ses stars, empêchent un long métrage de rentrer véritablement dans ses frais.
Les exemples cités dans Le Monde sont sans équivoque. Dany Boon est payé 3,5 millions d'euros pour la romance Un plan parfait, mais les entrées ne suffiront même pas à rembourser son salaire. Vincent Cassel a été payé 226 000 euros pour son rôle dans Black Swan et le film a rapporté dans le monde entier 250 millions d'euros de recettes. Pour Mesrine, il a été payé 1,5 million d'euros et le film en rapporté 22,6 millions... Les films français sont trop chers et ne sont pas destinés au marché étranger. Depardieu, Cassel... L'auteur de l'article ne veut pas les dénoncer, soulignant qu'ils sont ceux aussi qui acceptent de réduire largement leur salaire pour des films ambitieux (Mammuth pour l'un, les films du collectif Kourtrajmé pour l'autre). Ils sont loin d'être des exceptions et on notera celle de Marilou Berry qui touche trois fois plus pour Croisière que Joaquin Phoenix dans le dernier film de James Gray, Nightingale... "Les acteurs sont riches de l'argent public et du système qui protège l'exception culturelle," lit-on dans Le Monde.
Les films coûtent trop chers par rapport à ce qu'ils rapportent et les stars - et les moins stars - sont bien trop payées par rapport aux entrées qu'elles entraînent. Le problème viendrait selon Le Monde de la surévaluation, ce que les Américains appellent le "above the line". Le cachet des acteurs augmente dans un budget en fonction de sa notoriété sur le marché télévisuel, sa "valeur télé", et c'est bien souvent l'acteur - ou l'actrice - qui entraîne les chaînes de télévisions à s'engager sur un film. Sans l'argent de la télévision, beaucoup de longs métrages ne pourraient pas voir le jour. Malheureusement, "le système d'aide du cinéma français ne profite qu'à une minorité de parvenus", écrit Vincent Maraval. Quelle solution alors ? Le producteur offre des éléments de réponse : "Limitons à 400 000 euros par acteur - et peut-être un peu plus pour un réalisateur -, assorti d'un intéressement obligatoire sur le succès du film, le montant des cachets qui qualifient un film dans les obligations légales d'investissement des chaînes de télévision." Une façon de réguler et de permettre au cinéma français de mieux exister.
Retrouvez l'intégralité de l'article dans le journal Le Monde daté du 29 décembre