204,26 millions. Si l'on en croit le CNC (Centre national de la cinématographie, devenu Centre national du cinéma et de l'image animée), il s'agit du nombre d'entrées enregistrées pour l'année 2012. Soit une baisse de fréquentation estimée à 5,9%. Un constat d'échec qui vient renforcer la crise que traverse le cinéma français, sous le feu des critiques émanant de toute part. "Le grand déballage" titrait habilement Le Figaro dans son édition Culture & vous du 3 janvier. Acteurs surpayés, scénaristes en crise existentielle, petites mains et exploitants : ils ont leur mot à dire et ne se privent pas pour le faire.
Si le cinéma français possède une part de marché à hauteur de 40,2% pour l'année 2012 (contre 40,9% en 2011), le CNC croit savoir que les conséquences d'un effet Intouchables se sont fait sentir. A l'étranger, le film d'Eric Toledano et Olivier Nakache est devenu le film français le plus vu à l'international avec des recettes estimées à plus de 400 millions d'euros additionnées à celles de l'Hexagone. Négatives, car après le boom d'entrées enregistré pendant les mois de novembre et décembre 2011, les chiffres en payent le prix aujourd'hui. Selon le CNC, le mois de décembre accuse 23,3% d'entrées en moins, quand le mois de novembre recule de 13,4%.
Un effet Intouchables est pointé du doigt par le CNC qui n'explique pourtant pas tout. Il n'explique pas par exemple pourquoi le meilleur film français de l'année au box-office national (Sur la piste du Marsupilami) pointe à 5,3 millions d'entrées quand Skyfall culmine à la première place avec 6,6 millions de curieux. Il n'explique pas non plus les difficultés d'un cinéma français à être une manne financière grâce à ses superproductions, dont une bonne partie a déçu cette année. Il n'explique donc pas les échecs de La Vérité si je mens ! 3 – et sa promotion entachée par la grogne des journalistes sur les projections presse –, du quatrième volet d'Astérix et Obélix ou encore les déceptions des Seigneurs et de Stars 80.
Pourtant, vingt films français ont dépassé le million d'entrées en 2012. La part de marché du cinéma français sur son propre territoire est un cas unique en Europe. Et face au cinéma américain et ses 45,3%, producteurs et distributeurs n'ont pas à rougir. Pourtant, à l'instar du pavé dans la mare jeté par le producteur Vincent Maraval dans le quotidien Le Monde sur les coûts des films et cachets des acteurs, le cinéma français s'agite. Comme s'il souhaitait exorciser ses maux afin de repartir sur de meilleures bases en 2013. En attendant, la fréquentation dans les salles obscures reste au-dessus de 200 millions d'entrées pour la quatrième année consécutive.