C'est l'homme qui fait aimer les lettres aux Français. S'il n'affiche pas cette prétention, c'est pourtant plus de mille personnes qui se bousculent tous les soirs au Théâtre de la Place Saint-Martin pour voir Des écrivains parlent d'argent pendant plus de deux heures.
Fabrice Luchini est un homme compliqué, il avoue sans détour qu'il prend des anti-dépresseurs. Ce n'est pas sa seule addiction, il est aussi accro à son portable : "c'est névrotique", dit-il dans les pages de Paris Match. "C'est à soigner. Tout moment de désarroi, toute minute d'inaction, je fonce sur mon portable", poursuit-il. Un réflexe qu'il déteste ; il aimerait qu'on interdise les portables dans les lieux publics, il évite Twitter. Il aime arroser aussi, une passion déroutante.
À 68 ans, le comédien peut se targuer d'avoir eu une vie bien remplie. Un regret, pourtant, celui de ne pas avoir été là pour sa fille Emma, née en 1979, fruit de son amour avec Cathy Debeauvais. "Je n'ai pas bien élevé ma fille, j'ai été un père absent, comme tous les comédiens", admet-il. S'ils se sont rapprochés, leur relation a été tumultueuse par le passé. La petite fille est devenue productrice malgré la désapprobation de son père, qui a tout fait pour la décourager. On lui doit notamment La Femme de Rio, qui a reçu le César du Meilleur court métrage en 2015.
Si sa fille porte le prénom de Madame Bovary, ce n'est pas un hasard : Fabrice Luchini lui voue une admiration sans borne. C'est d'ailleurs cet écrivain du XIXe siècle qu'il cite quand on lui demande de décrire son quotidien : "Ma vie morne, plate et tranquille." Sa vie, il la partage avec Illia et Malou, ses deux chiennes. "Elles ont l'attention facile, celle des bêtes. Nous sommes, tous les hommes, un peu détraqués", déclare-t-il. Et, contre toute attente, ce shiba inu et ce berger islandais sont bien plus que des chiens : "Elles m'apportent le génie de l'instinct sans ressentiment."