Ce Festival du film britannique de Dinard (Ille-et-Vilaine) 2016 aura sans nul doute été marqué par l'humour et le glamour d'un jury prestigieux. Pour la clôture de la 27e édition du rendez-vous, l'actrice Julie Ferrier a fait le show coiffée d'une toque en fourrure, imitant la marche très stricte des gardes anglais. Ses comparses Anne Parillaud, Victoria Bedos et Florence Thomassin ont ramené quant à elles une bouffée printanière sur le tapis rouge, coiffant leurs chevelures de fleurs.
Quant au palmarès, c'est un carton plein pour Sing Street (une coproduction irlando-américano-britannique réalisée par l'Irlandais John Carney) : Hitchcock d'Or (Grand Prix du Jury), Hitchcock du Public Première, Hitchcock du Meilleur Scénario Allianz ainsi que le Hitchcock d'Honneur, décerné par l'association La Règle du Jeu. L'histoire retrace la vie d'un lycéen dublinois entre amour et violence de l'univers scolaire.
Le réalisateur et président du jury Claude Lelouch a tenu dans la foulée à remettre le prix du jury à son coup de coeur personnel Away de David Blair. Tourné dans la station balnéaire de Blackpool, dans le nord-ouest de l'Angleterre, le film met en scène une amitié improbable entre deux personnages à la dérive. Parmi les six films en compétition figuraient : Chubby Funny, de Harry Michell, Moon dogs de Philip John, Prevenge d'Alice Lowe, et This beaufiful Fantastic de Simon Aboud. Nouveauté de cette édition, une compétition de courts métrages, "Shortcuts", a récompensé Operator de Caroline Bartleet.
Toutefois, une petite ombre au tableau venait ternir l'ambiance de ce Festival. Selon les organisateurs, les films en compétition reflètent cette année "l'incertitude d'une jeune génération se questionnant sur son avenir, depuis le vote pour la sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne". "Au moins 60% des films sélectionnés posent des questions sur demain, sur ce qu'on va devenir", a déclaré à nos confrères de l'AFP Hussam Hindi, directeur artistique. "Ce n'était pas un choix délibéré de notre part, on s'est dit que ça avait peut-être un rapport avec ce qui se passe dans ce pays depuis plusieurs années, les jeunes se cherchent et se posent des vraies questions politiques, culturelles et sociales", a-t-il ajouté.
La majorité des cinéastes britanniques s'est exprimée en faveur du "remain". Parmi leurs arguments, l'importance des financements versés au cinéma britannique par l'Union européenne (plus précisément par le programme MEDIA), soit environ 130 millions d'euros entre 2007 et 2015, selon le dossier de presse du festival. "Les professionnels britanniques vont tout faire pour sortir leurs films hors du pays au lieu de s'isoler à l'intérieur de leurs frontières", a estimé Hussam Hindi. Mais "même si ce n'est pas encore très clair dans leur tête, ils ont peur que les films britanniques soient moins exposés dans les salles de cinéma européennes parce qu'il y a un quota à respecter pour passer des films européens", a-t-il ajouté.
Stéphanie Laskar