L'équipe de France féminine de foot entame sa campagne de qualification pour les championnats d'Europe 2013. Une nouvelle aventure qui ne devrait pas poser de problème à la jeune garde qui depuis son magnifique parcours en Coupe du Monde doit assumer un nouveau statut de grande équipe, au même titre que les Brésiliennes ou les Américaines.
Ce soir donc, les Bleues affrontent en direct sur Direct 8 à 20h45 l'équipe d'Israël. Un déplacement en forme de formalité pour la sélection tricolore qui avait inscrit la bagatelle de 50 buts en 10 rencontres... Pour l'occasion, Le Parisien du 14 septembre est parti à la découverte d'une des joueuses vedettes de la sélection, la serial-buteuse Gaëtane Thiney, 25 ans, auteure de 39 buts en 85 matches avec son club de Juvisy depuis 2008.
La joueuse revient sans complexe sur le nouveau visage du foot féminin, désormais médiatisé. Si son pendant masculin bénéficie d'une diffusion en prime-time sur les grandes chaînes nationales, les Tricolores version féminine doivent se contenter, pour le moment, de la TNT. Un début de professionalisation dont Gaëtane Thiney souhaite éviter les écueils : " On communique sur certaines valeurs, il ne faudrait donc pas qu'on dérive vers le foot buisiness."
Par foot buisiness, l'internationale aux 55 sélections et 21 buts entend l'argent et les sommes astronomiques parfois en jeu. Ce fut par exemple le cas lorsque l'ogre lyonnais, cinq fois champion de France et Champion d'Europe en titre tenta de recruter sa coéquipière Laëtita Tonazzi, meilleur réalisatrice de l'exercice précédent avec 20 buts, en lui proposant un salaire mirobolant comparé à ce que pouvait lui offrir son club actuel de Juvisy. Le transfert, qui finalement n'aura pas lieu, est l'exemple type de ce que souhaite éviter le foot féminin. Pour autant, la joueuse est bien consciente des évolutions nécessaires à son sport : "J'espère qu'un jour, tous les clubs auront la possibilité de faire signer des contrats. Pas forcément à 10 000 euros, mais au moins à 1500 ou 2000 euros." Car actuellement, toutes les joueuses ne peuvent bénéficier d'un contrat fédéral et doivent donc parfois travailler pour les collectivités locales...
Ces évolutions nécessaires pourraient bien avoir lieu grâce au joli parcours de l'équipe de France féminine aux derniers championnats du Monde où elle a décroché la quatrième place. Un résultat qui a totalement changé le regard des gens : "Ils se sont pris d'amour pour nous et on a plus le droit de les décevoir. On signe plus d'autographes et on est d'avantage médiatisées, mais on reste quand même tranquilles."
Cependant, les filles n'attirent pas les foules comme lors du mondial où les stades accueillaient plus de 45 000 spectateurs. "Aujourd'hui, il y a 300 personnes et on les connaît toutes. Ce n'est pas un problème, c'est notre quotidien." Un désamour et un manque d'exposition médiatique qui ne permet pas aujourd'hui à Gaëtane Thiney d'être une icône de son sport à l'image d'un Cristiano Ronaldo. "Non, Dior ne m'a pas encore appelée" répond-elle amusée lorsque l'on lui demande si des marques l'on contactée. Mais peu importe pour l'attaquante tricolore, car "l'argent n'est pas notre moteur." Une réflexion et une fraîcheur dont ferait bien de s'inspirer certains joueurs masculins...