Près d'un demi-siècle de carrière et un spectacle en forme d'adieu à la scène, au moins comique mais pas théâtrale, intitulé Rideau !, dont la dernière représentation se tiendra lundi 23 décembre 2013 à l'Olympia de Paris. C'est ce bilan que Guy Bedos évoque dans les pages de Libération, alors qu'il est l'invité spécial du journal pour son édition du vendredi 20 décembre 2013. Touchant, l'humoriste se dévoile et fait des révélations sur l'homme derrière l'amuseur public. Un être marqué par la violence familiale...
Alors que le quotidien national traite du sujet de la violence conjugale, Guy Bedos a choisi de faire preuve d'une étonnante franchise, en évoquant sa mère, Hildeberte Verdier. "Durant mon enfance, j'ai vu ma mère se faire frapper par mon beau-père. Elle se vengeait en me tapant, moi", se souvient Guy Bedos, 79 ans. Le comique, marqué par cette enfance traumatisante, affirme avoir toujours contenu sa rage contre son beau-père, au point de planter des couteaux à viande dans une porte "à défaut de le faire dans [son] gros ventre", explique-t-il. Cette violence a profondément ancré le respect de Guy Bedos pour les femmes. "Je trouve ça dégueulasse que l'on frappe une femme. (...) Plus tard, j'ai supporté qu'une femme, jalouse au-delà du raisonnable, me frappe plutôt que de répliquer", dit-il.
Alors qu'il s'apprête à quitter la scène, Guy Bedos révèle qu'il a toujours le trac comme un débutant, et que son petit rituel, datant d'il y a plusieurs années, consiste en "une lampée [de Whisky, NDLR] dans le gosier". Toutefois, la scène lui a toujours procuré du plaisir en dépit du revers de la médaille. "La scène m'a rendu insomniaque et a longtemps fait de moi un camé aux somnifères, dont certains sont interdits en pharmacie, voire n'existent plus. Aujourd'hui, je me contente de demi-comprimés, plus doux", dit-il. Et si le métier a bouffé sa vie privée, il a été gratifiant au-delà du possible. D'où la tristesse qui l'accompagne à l'idée de donner sa dernière représentation. "Je pense que je serai entouré de pas mal de gens qui ne sont pas mes pires ennemis... Mais je ressentirai quand même de la mélancolie, car j'ai vraiment adoré ce métier-là. (...) Mais pour en revenir à ces adieux, c'est sûr que quelque chose va mourir en moi", affirme le papa de Nicolas Bedos.
Thomas Montet
L'interview de Guy Bedos est à lire dans "Libération", en kiosques le 20 décembre 2013.