Plus de deux ans après l'éclatement du scandale, venu en octobre 2017 par le New York Times et le New Yorker qui se sont faits la voix de plus d'une dizaine de victimes (dont l'actrice Ashley Judd, parmi les premières) dénonçant harcèlement sexuel, agressions sexuelles et viols, ouvrant la voie à d'autres révélations en cascade et aux mouvements #MeToo et #TimesUp, Harvey Weinstein a été déclaré coupable, lundi 24 février 2020, à l'issue de son procès instruit à Manhattan.
Pas moins de vingt-huit victimes des agissements du superproducteur de cinéma américain (Shakespeare in Love, Gangs of New York, mais aussi, en tant que producteur exécutif, un nombre colossal de blockbusters, de Scream et du cinéma de Quentin Tarantino aux récents Lion et Amityville: The Awakening) se sont présentées à la barre au cours de ce procès qui s'était ouvert le 6 janvier pour témoigner, souvent en larmes et avec force détails affligeants, des pratiques odieuses de ce prédateur sexuel désormais avéré.
Formé de sept hommes et de cinq femmes, le jury, après cinq jours de délibérations, a déclaré l'accusé Weinstein, 67 ans, coupable d'un acte sexuel criminel au premier degré sur Miriam Haleyi, ancienne assistante de production de l'émission Project Runway qui a dénoncé un cunnilingus forcé que l'accusé lui a imposé en juillet 2006 ("alors que j'avais mes règles", a-t-elle même révélé), et du viol au troisième degré de la coiffeuse Jessica Mann en 2013. Harvey Weinstein, qui était présent - aidé dans ses déplacements d'un déambulateur - pour prendre connaissance du verdict, encourt pour ces deux crimes une peine de prison pouvant aller jusqu'à 29 ans de réclusion.
Mis en cause au total par plus de 80 femmes dont des actrices de tout premier plan (parmi lesquelles la Française Léa Seydoux, mais aussi les superstars Angelina Jolie, Gwyneth Paltrow, ou encore Rose McGowan et Daryl Hannah), le producteur déchu a en revanche été relaxé des trois autres chefs d'accusation qui avaient été retenus contre lui, dont le principal, pour agression sexuelle aggravée, passible de la prison à perpétuité. D'autres faits n'avaient pas pu faire l'objet de poursuites, pour cause de prescription, mais ont été rapportés au cours du procès, concourant à établir un profil et un comportement de prédateur sexuel.
Conformément au déroulement de la procédure judiciaire aux Etats-Unis, la sentence prononcée dans le cadre de la condamnation d'Harvey Weinstein sera prononcée lors d'une audience ultérieure, programmée le 11 mars prochain. Il restera d'ici-là en détention, sur ordre du juge de James Burke, et a quitté le tribunal menottes aux poignets. Le magnat déchu du cinéma avait précédemment été placé en liberté surveillée après règlement d'une caution d'un million de dollars, équipé d'un bracelet électronique et avec l'interdiction de quitter les Etats de New York et du Connecticut.
Formellement inculpé et arrêté le 25 mai 2018 suite à des plaintes tombant sous le coup de la justice de l'Etat de New York, Harvey Weinstein a par ailleurs été inculpé, le jour même de l'ouverture de ce premier procès à Manhattan, soit le 6 janvier 2020, par le bureau du procureur du comté de Los Angeles. Il doit ainsi encore répondre en Californie d'une accusation de viol et d'une autre d'agression sexuelle pour des faits remontant à 2013, sur deux plaignantes distinctes. En cas de culpabilité avérée, une peine pouvant aller jusqu'à 28 années d'emprisonnement pourrait être prononcée dans cet Etat et s'ajouter à celle en instance à New York.
Marié deux fois, il est père de cinq enfants : Remy, Emma et Ruth, née de son union (1987-2004) avec son ancienne assistante Eve Chilton, et India et Dashiell, dont la mère est Georgina Chapman, qui l'a quitté en octobre 2017, en plein scandale.