En 2017, un mouvement retentissant éclate et entraîne Harvey Weinstein vers la chute. Le mouvement #MeToo a depuis permis de libérer la parole de nombreuses femmes dont celle, notamment, d'Ashley Judd qui a été l'une des premières à accuser le producteur déchu du pire. Elle s'était à l'époque entretenue avec les journalistes Jodi Kantor et Megan Twohey derrière l'article du New York Times qui a justement conduit à la chute de l'ex-magnat d'Hollywood. "Ashley a brisé un silence qui persistait depuis longtemps à Hollywood", avait déclaré, en septembre 2019, Jodi Kantor dans une interview accordée au magazine People. Hier, jeudi 25 avril, Harvey Weinstein a bénéficié de l'annulation de sa condamnation à 23 ans de prison par le tribunal de New York pour agressions sexuelles et viol prononcé en 2020.
En effet, censé purger sa peine jusqu'à la fin de sa vie, l'ex-producteur voit l'affaire qui porte son nom prendre un autre tournant grâce à la Cour d'appel de New York. La plus haute juridiction de l'Etat éponyme a considéré que Harvey Weinstein n'avait pas bénéficié d'un procès équitable. "L'accusé a le droit de ne répondre que du crime qui lui est reproché et, par conséquent, les allégations de mauvaises actions antérieures ne peuvent être admises contre lui", a assuré la Cour. L'un des juges en faveur de l'annulation de cette condamnation a expliqué que certains témoignages entendus ont "dépeint une image hautement préjudiciable" qui aurait influencer à le condamner. Ce ne sont pas moins de quatre juges qui ont été favorables à l'annulation de cette condamnation alors que trois étaient contre. Les réactions sont déjà nombreuses, comme celle d'Ashley Judd qui s'est confiée au New York Times : "C'est injuste pour les survivantes. Nous vivons notre vérité. Nous savons ce qui s'est passé".
Elle n'est pas la seule à avoir réagi en ce sens puisque l'un des juges contre l'annulation de cette condamnation s'est, elle aussi, exprimée. La juge Madeline Singas, a en effet déclaré, comme rapporté par l'AFP, qu'"avec cette décision, la cour continue à contrecarrer les victoires régulières pour lesquelles les survivantes de violences sexuelles se sont battues". Et d'ajouter : "Les femmes qui portent le traumatisme de violences sexuelles et les blessures des témoignages répétés sont oubliées". "Il y avait tant de pression, parce que Harvey était le visage de ce mouvement", a-t-il également tenu à préciser.
Tarana Burke, quant à elle, a déclaré devant la presse jeudi 25 avril que "Le système judiciaire n'a jamais bénéficié aux survivantes dans ce pays". Puis d'indiquer optimiste : "Parce que ces femmes courageuses dans cette affaire ont brisé le silence, des millions et des millions d'autres ont trouvé la force de s'exprimer. Ce sera pour toujours une victoire".
Cette décision a également été dénoncée par Rosanna Arquette, l'une des accusatrices du producteur, qui a confié qu'"il est regrettable que le tribunal ait annulé sa condamnation". "En tant que survivante, je suis très déçue", a-t-elle ajouté au Hollywood Reporter.
Arthur Aidala, l'avocat d'Harvey Weinstein, s'est félicité de cette "victoire". "Nous savions qu'Harvey Weinstein n'avait pas eu droit à un procès équitable", a-t-il assuré avant de préciser que cette décision "donne foi dans le fait qu'il existe bien un système judiciaire".
Harvey Weinstein ne sera pas pour autant libéré suite à cette annulation puisqu'il avait également été condamné en 2022 pour crimes sexuels à Los Angeles. Reste à savoir s'il sera transporté derrière les barreaux d'une prison de Californie.