Il leur proposait des massages ou leur promettait une carrière en échange de faveurs sexuelles. Lui, c'est Harvey Weinstein, l'un des producteurs les plus puissants d'Hollywood, à qui l'on doit les succès mondiaux de The Artist mais aussi de beaucoup d'autres à travers ses sociétés Miramax (la Palme d'or Pulp Fiction, Kill Bill, le phénomène Scream, l'oscarisé Patient Anglais, le culte Trainspotting, Gangs of New York de Martin Scorsese, etc) et The Weinstein Company. Une enquête du New York Times a révélé toute une série d'affaires pour agression sexuelles à son encontre. Le conseil d'administration de la maison de production Weinstein Company, qu'il a cofondée avec son frère, a annoncé son licenciement dimanche 8 octobre.
"À la lumière de nouvelles informations qui ont éclaté ces derniers jours sur la mauvaise conduite d'Harvey Weinstein, les directeurs de la Weinstein Company – Robert Weinstein [son frère, ndlr], Lance Maerov, Richard Koenigsberg et Tarak Ben Ammar – ont décidé, et ont informé Harvey Weinstein que son travail à la Weinstein Company était terminé, avec effet immédiat", peut-on lire dans le communiqué laconique de la maison de production. Dans la foulée du scandale, cinq des neuf membres du conseil d'administration de la Weinstein Company, tous des hommes, ont démissionné. Les agissements d'Harvey était connus de beaucoup...
Selon le New York Times, "le producteur est accusé par plusieurs femmes, dont les actrices vedettes Ashley Judd et Rose McGowan, d'avoir tenté d'obtenir d'elles des massages, de les avoir forcées à le regarder nu ou d'avoir promis de favoriser leur carrière contre des faveurs sexuelles". Le quotidien décrit certains de ces incidents, comme par exemple avec Rose McGowan qui venait de jouer dans le film Scream (1996). Un an plus tard, elle obtenait en justice 100 000 dollars du producteur après un incident dans une chambre d'hôtel lors du festival de Sundance. Parmi les autres victimes, une jeune assistante dans les années 1990, une actrice, une assistante à Londres en 1998, etc.
Un vieux dinosaure qui apprend de nouvelles manières
Dans la foulée de cette enquête explosive, celui qui a redéfini Hollywood (organisant des campagnes pour les oscars comme des campagnes présidentielles) a présenté ses excuses dans un communiqué : "Je réalise que la façon dont je me suis comporté avec des collègues par le passé a causé beaucoup de douleur, et je m'en excuse sincèrement", a déclaré Harvey Weinstein, 65 ans. Il tâche cependant de se dédouaner : "J'ai grandi dans les années 1960 et 1970, quand toutes les règles sur le comportement et les lieux de travail étaient différentes." Son avocate, Lisa Bloom, le décrit même comme "un vieux dinosaure qui apprend de nouvelles manières" tout en préparant une plainte en diffamation contre le New York Times.
Vingt ans après les faits, Rose McGowan brise le silence en désignant enfin son agresseur et déclare sur Twitter : "Le combat continue pour les femmes. Et à ces messieurs, levez-vous. Nous avons besoin de vous comme alliés." La créatrice de Girls, l'activiste Lena Dunham, s'est bien sûr exprimée pour soutenir les victimes : "Les femmes qui ont choisi de dire qu'elles ont subi le harcèlement sexuel d'Harvey Weinstein méritent notre admiration. Ce n'est ni drôle ni facile. C'est courageux."
Donald Trump s'est également empressé de commenter avec finesse le scandale, déclarant devant des journalistes : "Je connais Harvey Weinstein depuis très longtemps, je ne suis pas du tout surpris de voir cela." Celui qui s'était vanté que la célébrité lui permettait "d'attraper les femmes par la ch****" ne se fait pas prier pour attaquer le producteur, fervent démocrate et ancien soutien de poids d'Hillary Clinton. Selon l'AFP, des élus démocrates souhaitent reverser l'intégralité des dons d'Harvey Weinstein à des organisations caritatives.