Annoncé comme un grand moment de l'édition 2017 de Rock en Seine, le concert de Her restera assurément gravé dans les mémoires pour tous ceux qui ont vu le groupe et son désormais leader Victor Solf remonter sur scène après la mort de Simon Carpentier. Le musicien breton, qui avait monté Her à Rennes il y a trois ans, est décédé dimanche 13 août à l'âge de 27 ans, emporté par un cancer contre lequel il luttait depuis plusieurs années. Victor, évidemment bouleversé par la disparition – à laquelle il se préparait pourtant - de son "frère d'armes", avait promis dans son hommage que Her serait bien présent à Rock en Seine.
Et ce samedi 26 août, à 19h10 pétantes, les membres du groupe et son leader endeuillé montent sur les planches de la petite scène du Bosquet. Dans le public, c'est rangs serrés, gorges nouées et applaudissements nourris. Les festivaliers sont au rendez-vous pour saluer le courage, Her va leur offrir un des meilleurs concerts de sa courte carrière. Sur un écran, la silhouette de Simon est projetée pendant que Victor, la voix vibrante, entame en son honneur un morceau lourd de sens : Refuse To Be The One Dying (Refuse d'être celui qui meurt).
Un merci et Her enchaîne, comme si la vie reprenait ses droits. Il faudra attendre Blossom Roses, "un des derniers titres travaillés avec Simon", pour voir Victor Solf, la voix plus que tremblante, rendre hommage à son ami. L'émotion gagne encore la foule lorsqu'il annonce Quite Like, le premier morceau qu'ils avaient écrit ensemble. "C'est une aventure tellement énorme que l'on a vécue avec Simon, à l'époque, il n'y avait personne, on n'était rien, et aujourd'hui on est là, à Rock en Seine, merci à tous d'être là", lâche-t-il sous une standing ovation qui remplace toutes les minutes de silence. Énergique à souhait, venu du coeur, ce concert de Her restera inoubliable et pas seulement parce que l'ombre de Simon Carpentier planait au-dessus de la scène du Bosquet.
Quelques heures plus tôt, cette deuxième journée de Rock en Seine avait débuté par quelques belles envolées de douces mélodies, que ce soit avec les Américains de Band of Horses, les belges de Girls in Hawaii ou les Anglais psychédéliques d'Ulrika Spacek. Mais l'événement, à en juger par le monde entassé devant la Grande Scène, c'était le concert de Jain, l'ultime date de sa tournée longue de deux ans et plus de deux cents concerts. Cela valait bien quelques petites larmes pour la jeune chanteuse qui a littéralement explosé ces deux dernières années. Déchaînée et émue à la fois, Jain aura livré un concert explosif et fait danser son public, conquis.
À la nuit tombée, après le duo on ne peut plus sexy formé par Alison Mosshart et Jamie Hince (l'ex-mari de Kate Moss), The Kills, c'est à la grande prêtresse britannique PJ Harvey qu'est revenue la charge d'envoûter un public parisien qui a préféré aller se préparer aux beats électro de Fakear ou se lâcher devant les punks délirants et décomplexés de Sleaford Mods.