
Il est l'un des géants du net. Avec les patrons de Google, Facebook et Apple, il est le quatrième dirigeant des GAFA, dont le pouvoir inquiète. Il s'agit bien entendu de Jeff Bezos, le père fondateur d'Amazon. En faisant de sa librairie en ligne la plus grande épicerie d'Internet, il a rejoint l'écurie des milliardaires de ce monde. Après vingt ans d'acharnement, il a engrangé des profits record. En 2016, le bénéfice net d’Amazon a atteint 2,4 milliards de dollars pour rappel. Il fait aujourd'hui partie des soutiens de Donald Trump, président américain, et aime à s'afficher aux côtés de son sa fiancée Lauren Sanchez. S'il fascine à ce point, ils sont bien sûr nombreux à avoir tenté de décortiquer ce personnage complexe, natif du 12 janvier – du signe du Capricorne – et aujourd'hui âgé de 61 ans. C'est le cas de Brad Stone qui lui a consacré l'ouvrage Jeff Bezos : la folle ascension du fondateur de l'empire Amazon (éd. Talent).
On apprend ainsi que dans les années 1990, dans les débuts d'Amazon, Jeff Bezos n'était pas très flexible concernant les avantages offerts à ses employés. "Bezos refusait de donner aux employés des cartes de bus de la ville parce qu'il ne voulait pas leur donner une raison de se précipiter hors du bureau pour attraper le dernier bus de la journée", rapporte ainsi le journaliste. Alors que de nombreuses entreprises n'hésitent pas à offrir des avantages considérables à leurs employés, ce n'était visiblement pas dans l'ADN d'Amazon. En effet, l'Américain a longtemps pensé "qu'une main d’œuvre trop sûre d’elle ou excessivement riche pouvait également nuire à Amazon". Pour être sûr que les employés soient toujours passionnés par leur travail, plutôt que présents uniquement pour les récompenses en attendant la retraite, il s'est ainsi "abstenu d’utiliser des programmes financiers – comme l’attribution d’un plus grand nombre d’actions – qui pouvaient donner envie aux employés de rester dans l’entreprise, même s’ils n’étaient plus passionnés par leur travail".
Il estimait aussi que néanmoins d'estimer des rémunérations généreuses, des vacances illimitées, des repas et des massages gratuits n’avaient pas grand-chose à voir avec la passion et la détermination que les employés apportaient avec eux au travail. À tel point qu'un jour il a dit à David Niekerk, l'ancien vice-président d'Amazon : "Il m’a dit un jour : 'Si jamais nous apparaissons dans la liste des ‘100 entreprises américaines où il fait bon travailler’, c’est que tu m’as niqué cette entreprise'." Il s'avère que la société est finalement devenue l'un des piliers de cette fameuse liste. C'est un article du Times, suite aux horribles anecdotes transmises par 250 employés d'Amazon, que les choses ont changé. L'entreprise a apporté plusieurs changements à sa culture, avec, fait marquant, la mise en place d'un nouveau système d'évaluation des performances. Mais pas que. L’entreprise a par exemple ajouté un programme unique de congé parental qui permet aux employés de diviser leurs congés en plusieurs intervalles, dans une période de douze mois, ou de les partager avec un conjoint dont le travail n’offre pas de tels avantages. On note à ce moment-là aussi la mise en place de changements plus spécifiques, comme la possibilité pour les nouvelles mères de comptabiliser, en tant que frais professionnels, le service proposé par Milk Stork – une société qui leur permet d’envoyer du lait maternel réfrigéré chez elles lorsqu’elles sont en voyages d’affaires.