

Elle fait partie de celles et ceux qui connaissent le mieux le Festival de Cannes. Isabelle Adjani a endossé tous les rôles pour le plus grand festival cinématographique au monde dont la 70e édition se déroulera du 17 au 28 mai prochains. Dans le Journal du dimanche, édition du 14 mai, elle revient sur celui de présidente du jury qui remonte à 1997, il y a déjà vingt ans.
Si la légendaire actrice de 61 ans s'en souvient comme d'"un très bon souvenir", elle reconnaît avoir dû composer avec "un jury coriace, composé de grands réalisateurs, par essence des dominants" qui n'a pas manqué de lui faire sentir que sa position de présidente était très convoitée. Une pression face à laquelle Isabelle Adjani n'a pas flanché, n'hésitant pas à se montrer ironique: "Je les taquinais en leur disant à quel point ils auraient mérité d'être à ma place, que j'étais juste décorative, mais qu'on ne pouvait plus rien y changer..."
La maman de Gabriel-Kane Day-Lewis n'hésite pas non plus à parler de "coalition machiste" et de pointer du doigt le réalisateur anglais de 74 ans, Mike Leigh (Another Year, Be Happy, Secrets et mensonges...). "J'adore son cinéma, mais l'homme n'est pas l'ami des petites femmes de Paris, surtout si elles sont actrices !", dit-elle à son sujet. Elle détaille les attaques sexistes auxquelles elle a été confrontée, en lien avec ses looks : "Pour ce 50e Festival, j'étais en Dior et Chopard, fonction oblige. Alors il taclait sur ces tenues impériales, qui ne m'appartenaient pourtant le temps du bal, et m'inventait des origines ultrafavorisées." Sauf qu'Isabelle Adjani n'a pas eu une jeunesse dorée, ce qu'elle n'a pas manqué de faire remarquer à Mike Leigh. "Je lui ai rétorqué qu'en daignant prendre un peu de temps pour vérifier ma biographie, il tomberait sur des mots comme 'milieu modeste', 'banlieue', 'HLM'... Mike Leigh, c'était un peu le nain grincheux de Blanche-Neige", conclut-elle sur le sujet.
Devenue un personnage incontournable du Festival de Cannes, l'héroïne de La Reine Margot (1994) rêverait de pouvoir assister à l'événement sans être reconnue, s'"offrir un Cannes anonyme, en jean et tee-shirt, une casquette sur la tête. "Je serais toute la journée en projection !", s'imagine-t-elle. Un rêve devenu irréalisable.
L'intégralité de l'interview d'Isabelle Adjani est à retrouver dans le Journal du Dimanche en kiosques le 14 mai 2017.