Son histoire avait ému la France entière et mobilisé de nombreuses voix populaires, dont celle d'Anny Duperey. Jacqueline Sauvage, condamnée en octobre 2014 à dix ans de réclusion pour le meurtre de son mari violent (de trois coups de fusil dans le dos) après 47 ans d'enfer conjugal (violence, abus sexuels...), - une décision confirmée par la cour d'appel de Blois le 3 décembre 2015 -, a bénéficié de la grâce présidentielle partielle accordée dimanche par François Hollande. Une nouvelle qui a été d'abord accueillie avec enthousiasme par les filles de Jacqueline Sauvage, car leur mère pourrait bénéficier d'une libération conditionnelle dès la mi-avril. "Après un nouvel entretien ce soir à 18h à l'Élysée, François Hollande nous a annoncé qu'il accordait à notre cliente Jacqueline Sauvage une grâce présidentielle partielle", ont expliqué dans un communiqué lu à un correspondant de l'AFP les avocates de Jacqueline Sauvage, Janine Bonaggiunta et Nathalie Tomasini. "En octroyant par décret le relèvement de sa peine de sûreté de cinq années, il a réduit sa peine de deux ans et quatre mois. Ce qui veut dire concrètement qu'il a fait sauter le verrou de la peine de sûreté et qu'il permet à Jacqueline Sauvage de pouvoir être accessible à une libération conditionnelle dès la mi-avril 2016", ont-elles expliqué.
François Hollande a été fidèle à ses propos
"Nous avons informé les filles de Jacqueline Sauvage de cette décision favorable et de la date probable de sortie de leur mère. Elles sont réjouies, elles sont heureuses car le président les a entendues et ne les a pas déçues. Il a été fidèle à ses propos de vendredi dernier", ont rapporté les avocates. De son côté, Eva Darlan, créatrice du comité de soutien à Jacqueline Sauvage, se dit "bouleversée, heureuse, reconnaissante et soulagée". "Je me dis que l'on va enfin peut-être pouvoir travailler sur la condition des femmes en France, et que malheureusement Jacqueline Sauvage a payé très, très cher le fait que l'on puisse évoluer."
"Le président de la République a voulu, face à une situation humaine exceptionnelle, rendre possible, dans les meilleurs délais, le retour de Mme Sauvage auprès de sa famille", a déclaré l'Elysée. Le chef de l'État avait reçu vendredi les trois filles de Mme Sauvage, 68 ans, ainsi que leurs avocates.
Après s'être mobilisées, au travers de manifestions et d'une pétition qui a recueilli plus de 435 000 signatures, de nombreuses personnalités ont réagi à l'heureuse nouvelle. "Mes pensées vont à Jacqueline Sauvage et à ses filles qui peuvent enfin se projeter dans une nouvelle vie après ce trop long calvaire", a commenté la maire de Paris, Anne Hidalgo. "J'en ai les larmes aux yeux", a quant à elle déclaré Lola Marois Bigard (la compagne de Jean-Marie), elle qui avait été parmi les actrices à relayer le cri du coeur d'Anny Duperey lors de la dernière manifestation de soutien. "Mille bravos, mille mercis, mille baisers @EvaDarlan pour son engagement magnifique et exemplaire en faveur de la grâce pour #JacquelineSauvage" écrit Henry-Jean Servat sur Twitter, alors que Jean-Michel Aphatie criait son "bonheur que la justice triomphe enfin malgré les juges".
Christiane Taubira, désormais ex-garde des Sceaux, s'est dite "heureuse que malgré tous les avis réservés, le Président de la République ait fait droit à [ses] arguments". Enfin, l'actrice Nathalie Baye a estimé la grâce de Jacqueline Sauvage "complètement juste, et presque normale" sur l'antenne de RTL. "Emblématiquement, c'est très important pour toutes les femmes qui sont battues et vivent des choses épouvantables. Ça m'aurait paru très étrange que la réponse soit négative car cela me semble tout à fait légitime", a rajouté la mère de Laura Smet.