L'affaire Jacqueline Sauvage a pris un nouveau tournant ce week-end. Derrière cette "affaire" se cache une injustice, celle dont a été victime Jacqueline Sauvage selon ses "supporters". Cette femme âgée de 66 ans a été condamnée en décembre 2015 à dix ans de réclusion pour avoir tué son mari de trois coups de fusil dans le dos. Le meurtre avait eu lieu en septembre 2012, après quarante-sept années de coups et abus sexuels sur elle ainsi que ses enfants. Des sévices pour lesquels l'ex-victime n'avait jamais porté plainte. Pour ce meurtre, elle est donc passée de victime à coupable, sans que la thèse de la légitime défense n'ait été retenue.
Depuis sa condamnation, sa famille, emmenée par les filles de Jacqueline, Sylvie, Carole et Fabienne, milite pour sa libération et appelle le président de la République, François Hollande, à gracier Jacqueline Sauvage. Réunies samedi 23 janvier pour la soutenir et faire entendre leur demande, quelques centaines de personnes (entre 100 et 200 selon l'AFP) ont répondu à l'appel et défilé, à Paris devant l'Opéra Bastille.
"Monsieur le Président, notre mère a souffert tout au long de sa vie de couple, victime de l'emprise de notre père, homme violent, tyrannique, pervers et incestueux", ont-elles écrit dans leur recours adressé à François Hollande, le 22 décembre, la seule voie possible pour libérer Jacqueline Sauvage. Quelques jours auparavant, une première manifestation avait réuni plusieurs dizaines de personnes, mi-décembre à Paris.
Samedi, les participants – en grande majorité des femmes – rassemblés à l'appel de collectifs féministes ont défilé en brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : "Je suis Jacqueline Sauvage", "Justice sauvage, libérez Jacqueline". Dans le cortège se trouvait Anny Duperey. L'ex-femme de Bernard Giraudeau et mère de l'actrice Sara Giraudeau n'a pas hésité à donner de la voix pour soutenir la famille Sauvage. "Je suis là parce que le cas de cette femme m'émeut profondément", a-t-elle déclaré devant les caméras des chaînes d'information, soulignant "un exemple emblématique des femmes battues, dont une meurt par jour". En martelant que cette condamnation est "profondément injuste au regard de ce qu'elle a souffert pendant 47 ans", Anny Duperey, apparue très affectée, croit savoir qu'elle "a assez payé à l'avance" pour ce qu'elle juge être "un cas de légitime défense". "Certes, elle a tué, il ne s'agit pas d'un acquittement, il s'agit d'une grâce, au regard de ce qu'elle a souffert, d'en prendre compte et de se dire que c'est complètement injuste de l'enfermer dix ans en plus, après tout ça", a expliqué la comédienne, s'avouant "très émue".
Sur Facebook, d'autres personnalités telles que Frédérique Bel ou Lola Marois (la compagne de Jean-Marie Bigard) ont relayé l'intervention de leur consoeur. Sur Internet, une pétition relayant la demande de grâce a, par ailleurs, recueilli à ce jour près de 312 000 signatures. Malgré cela, "on n'a toujours aucune réponse", a déploré Véronique Guegano, à l'origine de la pétition, en rappelant que "134 femmes meurent tous les ans sous les coups de leur conjoint".