On lui doit certains des plus grands films français des trente dernières années, avec des oeuvres aussi libres et réussies que Les valseuses, Calmos, Buffet Froid, Tenue de soirée ou Trop belle pour toi : Bertrand Blier aura marqué le cinéma français et apporté un ton singulier et une désinvolture rare.
Il a été à l'affiche de tous les plus grands succès français de ces dernières années, avec à son tableau de chasse notamment Brice de Nice, les deux OSS 117 et Lucky Luke. Jean Dujardin sera à l'automne à l'affiche des très attendus Petits Mouchoirs de Guillaume Canet, mais le 25 août, c'est dans Le bruit des glaçons (voir la bande-annonce ci-dessus), de Blier, que Dujardin s'entretiendra avec son cancer, incarné par Albert Dupontel.
Blier et Dujardin. Ces deux-là se reniflaient depuis un moment, ils devaient se rencontrer et travailler ensemble. Dans les pages du Madame Figaro actuellement en kiosques, le metteur en scène et sa star reviennent sur cette première collaboration qui en appellera d'autres.
L'idée du film est partie d'une phrase que Bertrand Blier avait en tête : "J'avais juste cette phrase qui disait : "Bonjour, je suis votre cancer, il faut que nous fassions connaissance." C'est tout ce que j'avais." Au final, d'un sujet délicat ressort une comédie exaltante, portée par deux comédiens au sommet qui ont su tirer le meilleur de leur complicité et des mots que Blier leur a mis en bouche.
Les mots, les situations, les hommes abrutis et leur rapport aux femmes sont des thématiques récurrentes chez Blier : "Les mecs sont tous très bornés chez moi, ce sont les femmes qui sont intelligentes dans mon cinéma, contrairement à ce qu'on a raconté. Dans Les Valseuses, par exemple, je mets en scène deux abrutis qui sont sur une dune et qui disent : "Il y a forcément un cul qui nous attend quelque part." Ce n'est pas du Levi-Strauss ni du Barthes, on est quand même dans le degré zéro de l'intelligence."
A la question de l'amitié très "virile" qui s'immisce dans le rapport entre les deux personnages masculins, Bertrand Blier : "Souvent dans mes films." Et Jean Dujardin : "Souvent dans mes soirées." Et faut-il y voir une once d'homosexualité ? Jean Dujardin : "Eh bien, l'amitié, c'est ça, c'est un "cache-tapette". Quand à deux heures du matin je suis en train de boire un coup avec un copain et qu'on s'entend bien, je me dis : attention attention !" Alors que pour le metteur en scène : "Non, ça c'est la génération de Jean, moi qui suis plus vieux, je ne connais pas. Même en fin de soirée bien arrosée, jamais Depardieu n'a voulu me sauter dessus, et moi non plus !"
Alors qu'il a souvent des rôles en solo sympathiques ou héroïques, cette fois, Jean Dujardin joue en duo un type malade qui se laisse aller : "C'est mon film le plus risqué. J'ai adoré qu'il me déshabille, je n'ai jamais été autant nu, à vif, qu'avec Blier. J'aime bien qu'on vienne me chercher."
Après Depardieu/Dewaere, Dujardin/Dupontel est-il le nouveau duo du cinéaste ? Jean : "Il y avait les De-De, maintenant il y a les "Du-Du." Blier : "Oui, comme une renaissance. Pour moi, c'est un grand bonheur de metteur en scène. J'avais vieilli en même temps que Gérard Depardieu, perdu Patrick Dewaere. Mon alter ego c'est Gérard, mais, avec le volume qu'il prend, je ne me reconnais plus en lui. Et donc, tout à coup, je me retrouve avec deux mecs qui ont l'âge du tandem des Valseuses et qui sont aussi bons. J'ai vieilli physiquement, mais pas dans ma tête. Au fond, je suis toujours le mec de 33 ans qui a fait Les Valseuses."
Pour lire l'interview de Jean Dujardin et Bertrand Blier en intégralité, rendez-vous dans les pages de Madame Figaro, actuellement en kiosques.
Le Bruit des Glaçons, de Bertrand Blier, avec Jean Dujardin, Albert Dupontel, Anne Alvaro, Audrey Dana, Myriam Boyer et Christa Theret.
A.I.