Le 10 janvier, le magazine Le Nouvel Observateur prenait une position nette et franche dans l'épineux débat sur le mariage pour tous. Ils publiaient alors un manifeste intitulé Pour nous, c'est oui !, signé par 72 personnalités. Parmi elles : Jean-Jacques Aillagon. L'ex-ministre de la Culture sous Jacques Chirac (2002-2004) s'est exprimé sur le sens de son engagement et se livre avec sincérité sur sa sexualité.
Soutien de François Hollande lors de l'élection présidentielle, Jean-Jacques Aillagon (66 ans) ne peut que se réjouir de voir l'engagement 31 du président entrer enfin dans le coeur du débat. Il explique d'ailleurs que lorsqu'il était ado à Toulouse, "les boîtes gays étaient interdites" et "il fallait aller dans le département voisin pour sortir". Ce qui lui fait dire aujourd'hui : "Quand on a connu ça, on comprend mieux les crispations autour du débat sur le mariage pour tous. Et on ne peut que se féliciter du projet de loi...". Un projet qui ouvrirait un nouveau modèle social. "Comme beaucoup d'homos de ma génération, j'ai voulu d'abord me conformer à un modèle social. Je me suis marié, j'ai eu deux enfants. Et puis dans les années 1970, je me suis affranchi de ce carcan, mon épouse m'a d'ailleurs beaucoup aidé. C'est elle qui a eu le courage de partir, elle m'a affranchi", dévoile-t-il.
Une décision difficile et une période tragique. "J'ai été traité médicalement : à l'époque, l'homosexualité, c'était une maladie", explique-t-il. Jean-Jacques Aillagon fait alors face à des médecins qui "pensaient que l'homosexualité était une forme de dépression nerveuse". Lassé de se sentir anormal, l'ex-ministre reprend sa liberté. "Et puis j'ai réalisé que je n'avais pas de problème de santé, j'étais homosexuel, voilà tout. Ensuite, je me suis assumé, dans les années 80, j'ai vécu avec mon compagnon, officiellement, je ne me cachais pas." La révélation publique de son homosexualité, Jean-Jacques Aillagon la fera en interview dans le journal Le Monde, le 18 mars 2002.
Le texte sur le mariage pour tous est actuellement étudié en commission à l'Assemblée nationale, sous la houlette des ministres Dominique Bertinotti (Famille) et Christiane Taubira (Justice). Le texte sera ensuite examiné en séance le 29 janvier et le vote des députés devrait avoir lieu le 12 février.
Interview a retrouver dans "Le Nouvel Observateur", en kiosques depuis le 10 janvier 2013 et en version longue sur le site Internet du magazine.
Thomas Montet