Lambert Wilson a aimé des hommes, a aimé des femmes... mais pourquoi a-t-il tiré un trait sur la passion amoureuse ?
Publié le 3 août 2024 à 13:32
Par Lucie Gosselin | Rédactrice
Journaliste passionnée, depuis plus de 10 ans, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages ou des interviews.
Alors qu'il fête ce 3 août 2024 ses 66 ans, Lambert Wilson qui reste une incarnation de la beauté et du charme est aujourd'hui un homme seul. Lui qui dit avoir beaucoup aimé, des hommes, comme des femmes, explique aussi avoir beaucoup souffert, et ne plus le vouloir. Comment vit-il désormais ? Pourquoi a-t-il fait ce choix si radical ? D'où proviennent ses peines ? Retour sur l'histoire d'un homme qui avait du mal à s'aimer et du mal à aimer...
Lambert Wilson a aimé des hommes, a aimé des femmes... mais pourquoi a-t-il tiré un trait sur la passion amoureuse ?
Lambert Wilson fête ses 66 ans aujourd'hui...Lambert Wilson assiste à une séance de portraits dans le cadre du Festival du Film de Demain à Vierzon, France. Photo par Aurore Marechal/ABACAPRESS.COM Dans sa très longue carrière, remplie de succès, Lambert Wilson n'a cessé de faire des rencontres. © Lionel Hahn/ABACA. 51825. Los Angeles, 27 octobre 2003. Sharon Stone et Lambert Wilson, membre de l'équipe, assistent à la première mondiale de Matrix Revolutions au Walt Disney Concert Hall dans le centre de Los Angeles. Mais cet homme qui prend si bien la lumière a une immense part d'ombre....Le réalisateur français Pitof et l'acteur français Lambert Wilson au 30ème Festival du Film Américain pour leur film -Catwoman- à Deauville, France, le 4 septembre 2004.Photo par Bruno Klein/ABACA. Fils d'un comédien très connu, Lambert Wilson a beaucoup souffert...Lambert Wilson a reçu les insignes d'officier dans l'Ordre des Arts et des Lettres. Clotilde Courau (la princesse Clotilde de Savoie) a reçu les insignes de chevalier dans l'Ordre des Arts et des Lettres lors d'une cérémonie au ministère de la Culture. Ici avec le père de Lambert Wilson, Georges Wilson. À la mort de ses parents, George et Odile, il a notamment connu une terrible dépression.Lambert Wilson avec ses parents, George et Odile en 2003.
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C'est un homme qui porte beau sa soixantaine. Lui qui fête ce 3 août 2024 son 66e anniversaire continue de promener sur les plateaux de cinéma ou dans les festivals sa silhouette élancée de dandy charmeur. Un homme qui incarne une certaine idée de l'élégance, amplifiée probablement par ce nom de Wilson qui ajoute à ses airs de gentleman cette touche anglo-saxonne héritée d'ancêtres britanniques. Lambert Wilson, comédien connu, reconnu et dont la carrière est faite doit avoir, pourrait-on penser, une vie sentimentale comblée, d'autant qu'il a le choix, hommes ou femmes, lui qui ne fait pas mystère de l'éclectisme de ses goûts en matière amoureuse. C'est là bien se méprendre...

"Quand ils veulent se moquer de moi, mes amis m'appellent " frère Lambert "..." confiait l'acteur à Télérama en 2010. L'austérité et le silence de la vie monacale me fascinent depuis longtemps. J'ai une maison en Bourgogne, la terre des abbayes cisterciennes, et je suis plutôt à l'aise dans l'ascèse." Ce sobriquet affectueux, qui renvoie à un état monacal, avec tout ce que cela comporte d'abstinence ou de chasteté prend vraisemblablement encore plus de sens aujourd'hui...

Dire que Lambert Wilson est devenu un moine serait sans doute exagéré. Mais à l'entendre, il semble que l'acteur trouve désormais son bonheur et sa plénitude loin de toute relation amoureuse. C'est du moins ce qu'il déclarait à demi-mot au magazine Paris Match en février 2023. Est-ce que se sentir aimé fait partie de ses aspiration de sa quête ?, lui demandaient en substance nos confrères : "Non, non, tranchait-il. J'ai été un peu fracassé il y a une dizaine d'années. J'étais très romantique, j'adorais le sentiment amoureux, je cultivais malgré moi le désespoir, les tourments. Cette partie-là... Ce n'est pas qu'elle s'est assagie : elle s'est évanouie, carrément. Je ne recherche plus ça du tout." Si les mots ont un sens, celui-ci est clair : Lambert Wilson a tiré un trait sur la passion amoureuse.

Lambert Wilson : "Je voulais devenir Robert Redford"

Comment se peut-il que cet homme qui fait se retourner sur lui celles et ceux qui le croisent en soit venu à une telle extrémité ? Il faut pour le comprendre remonter le temps et revenir à son histoire. À son enfance. Et notamment à son père brutal. Georges Wilson était un acteur, metteur en scène, réalisateur et directeur de théâtre célèbre. Il a marqué de son empreinte le petit monde de la comédie, pesé de tout son poids sur l'existence de la famille, lui qui a ostensiblement entretenu une liaison durant sa vie, et sans doute façonné un petit Lambert pétri de doute devant une figure tutélaire si imposante.

C'est évidemment grâce à son géniteur si l'artiste exerce ce métier, qui, avait-il confié à Marc-Olivier Fogiel sur son Divan en avril 2016, n'était pourtant pas fait pour lui, qui aurait préféré une activité moins exposée ou nécessitant d'être moins exubérant et moins entouré : chanteur lyrique par exemple. Lambert avait 13 ans lorsque la vocation lui est tombée dessus devant les Trois Mousquetaires de Richard Lester qu'il était allé voir avec son père. "Il y avait là toutes les stars de l'époque, Raquel Welch, Faye Dunaway... En une soirée, j'ai reçu un shoot de star-système qui m'est instantanément monté à la tête. Le lendemain, je voulais faire du cinéma. Avoir ma gueule en grand sur un écran, jouer dans des superproductions et devenir Robert Redford. Ma mère m'a supplié de renoncer. Quant à mon père, il m'a expliqué que je n'avais pas assez souffert pour être comédien. Jusqu'à son dernier souffle, il est resté le plus assassin de mes critiques."

Lambert Wilson et son père Georges à la cérémonie des Molières 1988 © BestImage, RINDOFF-PATERSON / BESTIMAGE

Lambert Wilson est un homme pétri de complexes

Cet homme, qui porte un lourd secret de famille, et dont certains ont estimé qu'il avait tué le fils quand l'ordre des choses veut plutôt qu'on tue son père a sans nul doute sa part de responsabilité dans ce qu'est devenu Lambert Wilson. Dans le peu de confiance en lui qu'il a eu toute sa vie, lui qui de temps à autres, relit sa fiche Wikipedia pour se persuader que c'est bien lui et pas un autre qui a fait tout ça. Dans le désamour pour son corps, qu'il a longtemps porté comme une croix, lui que ses camarades de classe appelaient "bouboule" et qui souffre encore aujourd'hui, malgré la ligne de jeune homme qu'il affiche après un régime, du complexe du gros. "Je fuis les groupes, confiait-il à Philippe Vandel, dans Tout et son contraire, sur France Info, en 2014. Ça me rappelle la cour de récré."

Et pour finir, dans ce complexe d'infériorité qu'il nourrit aussi depuis l'enfance : celui de n'avoir jamais fait d'études universitaires. "Qu'on me colle l'étiquette de cérébral alors que mon drame est précisément de ne pas l'être, c'est assez ironique, lâchait-il à Télérama. Je continue de faire illusion, parce que, au fil du temps, j'ai acquis une culture fragmentaire, celle que se bâtissent les acteurs, de film en film. (...) En fait, je ne me suis jamais remis de ne pas avoir fait d'études universitaires. Je l'ai compris récemment, et ça a été l'une des épreuves les plus difficiles de ma vie. (...) C'est douloureux d'accepter ses limites". Si pour couronner le tout, on ajoute à ce portrait peu flatteur qu'il dresse de sa personne un léger zozotement qui lui avait valu d'être gratifié du surnom de Bugs Bunny, on peut se poser la question suivante ? Cet homme qui semble avoir tant de mal à s'aimer aurait-t-il eu du mal à aimer ?

En mars 2016, à la journaliste de Paris Match qui lui demandait s'il était en couple, il répondait : "Non, en ce moment je suis seul et je vais très bien, même si l'amour est la seule vraie valeur. Et que l'on n'emporte rien dans la tombe à l'exception des amours ­vécues... Après avoir pratiqué la quête effrénée de la ­personne idéale, j'ai envie d'attendre une vraie histoire, en prenant le risque qu'elle n'arrive pas. Je me pose beaucoup de questions sur la vie à deux. La réussir est pour moi la chose la plus insensée de la terre ! Comment ­renouveler le désir ? Garder la fascination ? Continuer le dialogue ? Passer les épreuves ? Jusqu'ici, j'ai échoué. Je suis fasciné par ceux qui réussissent."

Quelques semaines à peine après avoir tenus ces propos dans le magazine, Lambert Wilson avait pris le risque d'aller s'étendre dans le Divan de Marc Olivier Fogiel. Une épreuve compliquée pour cet homme ayant en horreur tout étalage ou toute promotion, tout ce qui dans son métier consiste à "se vendre" et non plus à jouer. Il s'était cependant prêté à l'exercice avec beaucoup de franchise, commençant par évoquer cette terrible dépression qui lui était tombée dessus dans les années 2010, juste après la mort de ses parents. Une épreuve qui avait nécessité trois ans de traitements, de psychanalyse et de souffrances, lui qui pensait au suicide avec une telle précision qu'il allait jusqu'à se demander, s'il devait se tuer en sautant dans le vide, s'il le ferait de face, au risque de finir défiguré, ou de dos pour préserver son visage... Question glaçante.

"Le couple, ce n'est pas quelque chose que j'ai vraiment vécu..."

"On comprend bien que tout ça (la relation entre ses parents NDR), lui demande Marc-Olivier Fogiel, a été compliqué pour se construire. (...) Est-ce que ça a conditionné votre façon de faire couple ?" "Je me disais bien que vous alliez y venir", lui lance l'acteur dans un sourire résigné avant d'en arriver au sujet et d'avouer qu'il n'a jamais été obsédé par cette question de la vie de couple. "Ce n'est pas quelque chose que j'ai vraiment vécu, d'ailleurs, ajoute-t-il. J'ai vécu des intermittences. Mais je n'ai pas été obsédé par ça."

Il confesse en revanche avoir été passionné, incroyablement romantique, au point d'avoir envie d'en mourir. "Je ne veux plus souffrir du tout par rapport à ça, tranche-t-il. Je crois que j'en suis même incapable. La nécessité de me concentrer sur une personne m'est devenue pratiquement impossible. C'est comme si la dépression m'avait ouvert sur un amour plus vaste. Le détail du sexe, tout ça n'est pas très intéressant. J'ai aimé des femmes, j'ai aimé des hommes. Ce qui compte, c'est l'amour avec un grand A. Ce sont les êtres qu'on rencontre."

Et de ce point de vue, l'acteur a une vision très particulière du rapport à autrui, qu'il évoquait ce même soir devant MOF en lâchant cette étrange confidence : "Je suis obligé de baisser les yeux dans la foule pour ne pas absorber la vie des autres. Mon ambition sur terre serait de connaître tout le monde, d'absorber la vie de toute l'humanité. Mais ça fatigue, ça charge, ça stresse". C'est ainsi que le soir, seul, Lambert Wilson fait le point, mesurant mentalement le bien-être de ses amis. Se pose alors à son propos cette nouvelle question : peut-on aimer quelqu'un lorsque l'on veut aimer tout le monde ?

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