On est loin d'avoir fini de découvrir l'insondable palette de Jean-Louis Foulquier. Voix gravée dans l'onde radiophonique et la mémoire des auditeurs pour ses quelque quarante-deux années de service (1966-2008) sur France Inter, "tronche" reconnaissable aussi bien au petit (Dolmen, David Nolande, Marie-Tempête...) qu'au grand écran qui se faisait même mafieuse pour les besoins du clip Les Affranchis d'Alexis HK, Jean-Louis Foulquier demeure également associé à la vitalité de la chanson française.
S'il s'est contenté d'une tentative pour son compte, signant l'album Foulquier avec l'éminent Alain Leprest (grand pourvoyeur de chansons de haute volée, qui recevait en 2009 le Grand Prix des poètes de la SACEM en présence de Foulquier), le gaillard laissera surtout l'empreinte d'un immense découvreur de talents - via ses émissions radio, télé, et le festival phare des Francofolies de La Rochelle qu'il fonda en 1985 et dont il laissé les rênes il y a quelques années.
Agé de 66 ans, il poursuit par ailleurs ses activités de comédien sur les planches : après La Fabuleuse Histoire de Marco Polo en 2009, on le retrouvera cette année (du 12 mars au 3 avril 2010) au Théâtre du Rond-Point pour l'adaptation du best-seller de Philippe Delerm, La Première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules.
Quelques jours auparavant, c'est pourtant une autre de ses facettes que cette "gueule" de la culture française exposera au grand jour : Jean-Louis Foulquier - le peintre - présentera en effet ses Gueules de Nuit à l'Adresse Musée de la Poste, à Paris, du 8 mars au 15 mai 2010. Le communiqué officiel de l'exposition relate les circonstances difficiles de la naissance de cette passion pour l'art pictural : "Ce goût pour la peinture lui est venu un peu par hasard, quand une grave opération lui impose une douloureuse convalescence. Avec une petite boîte d'aquarelles qu'on lui offre, il découvre comment le geste de peindre, de poser des couleurs, de barbouiller, apaise la douleur. Cette rencontre avec la peinture est décisive. Ce besoin de peindre ne va plus le quitter. Timidement d'abord, ne travaillant que pour lui-même, sans la moindre idée de montrer ce qu'il fait, il met sur la toile ses rêves en couleurs. Lorsqu'il accepte enfin de montrer ce qu'il fait, il est surpris, lui l'autodidacte, de s'entendre dire par Richard Texier : "tu es peintre, mais tu ne le sais pas encore".
Ses sujets d'inspiration sont d'abord des personnages croisés au cours de ses nuits vagabondes. Il réalise ainsi une galerie de portraits aux couleurs vives, franches, acides, peints à la brosse dans un style expressionniste, un peu à la manière de Kirchner.
Des visages, ou plutôt des gueules, aux traits vigoureux, aux regards fixes, parfois sereins, parfois tourmentés, des femmes, des hommes, c'est tout un monde de la nuit que l'artiste fait revivre. Depuis peu, Jean-Louis Foulquier a abandonné la toile classique pour un support plus inattendu : le sac postal. Qu'il soit en toile de jute ou synthétique, utilisé dans sa forme originale, la matière brute ainsi détournée ajoute à "l'authenticité" qui se dégage de ses peintures."
A la vue d'un tel spectacle, d'une telle galerie de portraits, Philippe Delerm, justement, perçoit qu'un "amour de l'existence se mêle à une sensation de brisure et d'angoisse", et que "la crudité souvent chaude des couleurs est le reflet d'un flamboiement intérieur, d'une authenticité sans concession qui nous happe et nous entraîne". Bruno Solo, quant à lui, souligne "le délicat paradoxe des formes et de leur fond", "l'exubérante alchimie de la mélancolie humaine et de la beauté du monde".
Tous renseignements utiles sur le site www.ladressemuseedelaposte.com, et toute l'actu de Jean-Louis Foulquier sur son site officiel.
Guillaume Joffroy