

En 2011, au cours d'un festival local, le maire de la commune de Beaucaire, située dans l'agglomération nîmoise, avait remis au cinéaste Jean-Pierre Jeunet la médaille d'honneur de la ville, pour l'ensemble de son oeuvre.
Le metteur en scène du succès mondial Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain a, depuis, fait une découverte qui n'est pas franchement à son goût : Jacques Bourbousson, qui l'a décoré, est un partisan de la tradition tauromachique. Une pratique contre laquelle Jeunet s'oppose avec la plus grande vigueur. Le sang du réalisateur n'a fait qu'un tour quand il a découvert l'organisation de corridas au sein de cette ville, avec la bénédiction du maire. Il a aussitôt choisi de restituer la médaille à l'élu, lui adressant par la même occasion un courrier bien senti.
Il y déclare avoir récemment découvert que la ville gardoise et son maire sont "fortement investis dans ce spectacle qui consiste à torturer et mettre à mort des animaux pour le plaisir de spectateurs qui ont probablement le malheur, étant jeunes, d'avoir été bercés trop près du mur".
Hors de lui, Jean-Pierre Jeunet, à qui l'on doit le film L'Extravagant Voyage du jeune et prodigieux T. S. Spivet sorti en octobre dernier dans les salles, a alors encouragé Jacques Bourbousson à se "carrer la médaille où (il) pense". Pour mettre en perspective ce "conseil" et le comparer à la cruauté qu'endurent les taureaux envoyés dans l'arène, il assure que cette "violence verbale n'atteindra pas le millième" de celle des spectacles de corrida.
Jacques Bourbousson, conscient que deux clans s'opposent dans ce débat - les grands passionnés de la tauromachie, et les défenseurs de la cause animale -, a confirmé que la médaille de Jean-Pierre Jeunet lui avait été retournée, mais a confié à nos confrères du Midi Libre qu'il n'avait pas pour intention de faire cesser les spectacles de corrida dans sa ville.
Joachim Ohnona