On n'est jamais mieux servi que par soi-même...
Telle pourrait être la devise du réalisateur Jean-Pierre Mocky. A 78 ans, le cinéaste au passé glorieux qui a fait tourner Bourvil, Jean Poiret, Michael Lonsdale (César 2011 du meilleur second rôle), Richard Bohringer et Catherine Deneuve vient en effet de se porter acquéreur d'un petit cinéma au coeur de Paris, le mythique Action Ecoles situé rue des Ecoles dans le Ve arrondissement.
Un cinéma mythique dont la programmation unique a permis à des générations de découvrir le répertoire du cinéma américain en version originale, et ce dès 1977. Mais à partir du 1er avril, le nouveau maître des lieux chamboulera quelque peu la programmation en projetant ses propres films dans l'une des salles, tout en faisant découvrir de nouveaux réalisateurs et des oeuvres uniques.
Mais pourquoi acheter un cinéma lorsque l'on a la carrière de Jean-Pierre Mocky, 63 films au compteur ? La réponse, c'est l'intéressé qui la donne au quotidien Le Parisien : "Après cinquante ans de travail et malgré de nombreux succès publics, je suis contraint d'en arriver là pour pouvoir projeter paisiblement mes films."
Une aberration qu'il justifie par les coûts exorbitants de promotion que lui demandent de verser de sa poche les grands circuits, entre 300 000 et 400 000 euros par film. Une somme que le réalisateur ne peut bien évidemment pas avancer, malgré les subventions de Canal+ et l'Etat. La solution était donc de disposer de son propre cinéma pour diffuser à sa guise ses propres films, dont les trois derniers (Les Insomniaques, Crédit pour tous et le Projet Toroto), qui avaient eu du mal à trouver diffuseur.
Jean-Pierre Mocky en profite également pour renommer ce qu'il convient d'appeler désormais son cinéma. L'Action Ecole deviendra Le Desperado... Un nom pas si innocent, comme nous l'explique le réalisateur : "Nous sommes des artistes indépendants, pas dans le circuit normal. Nous sommes des desperados, des espèces de durs à cuire qui se démerdent tout seuls.(...) Nous ne comptons pas sur les autres."
Avec ce nouveau propriétaire, le cinéma espère bien attirer une nouvelle clientèle dans ses deux salles décorées de briques rouges, avec, qui sait, l'espoir de voir un jour Jacques Chirac en vedette du nouveau film de Jean-Pierre Mocky.