Jeanne Moreau lors de l'avant-première du film Gebo et l'ombre le 6 septembre 2012 à Paris© Abaca
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Sa voix particulière a l'accent de celle d'une femme qui a vécu une existence bien remplie. Une enfance pendant la Seconde Guerre mondiale, une icône de la Nouvelle Vague, une actrice sans compromis et engagée dont le parcours a tout pour fasciner. Son entretien avec le magazine Pleine Vie tente de donner un aperçu de la vie de Jeanne Moreau, bientôt 85 ans.
"Si je nourrissais mes films de ce que je suis, je m'ennuierais profondément", déclare en début d'entretien Jeanne Moreau. Le ton est donné, la franchise est son moteur tout au long de la conversation. Un état d'esprit qu'elle confirme en disant : "Ma filmographie montre bien que je n'ai pas cédé au goût de l'argent, alors que j'aurais pu être riche." On ne la contredira pas, elle qui a choisi de tourner dans Une Estonienne à Paris, pour le réalisateur estonien Ilmar Raag, en salles le 26 décembre.
Jeanne Moreau remontera dans le tourbillon de son enfance en rendant hommage à sa mère, elle qui lui était si liée. L'actrice parlera aussi de son père, dont elle est devenue proche : "Je le remercie d'ailleurs d'avoir résisté à ma vocation. Gérant d'une brasserie, il a appris par un client et ma photo dans France-Soir que je jouais sur les planches. Il m'a mis une gifle terrible et fichue à la porte. Il ne faut pas oublier qu'il était né au XIXe siècle et le théâtre, c'était pour les cocottes, les putains ! Mais son hostilité m'a donné l'énergie d'exercer ce métier envers et contre tous. Je lui ai pardonné, bien sûr, le pauvre. Il a d'ailleurs fini ses jours chez moi."
Une relation apaisée alors qu'elle commençait sa vie avec une série de traumatismes, elle qui n'était pas un enfant désiré : "Ma mère avait signé un contrat avec sa troupe pour partir en Amérique. Comme elle est tombée enceinte, elle n'a pas pu y aller. Or, ma grand-mère paternelle voulait qu'elle foute le camp. Elle refusait que son fils préféré, la prunelle de ses yeux, l'épouse. Alors, elle lui a proposé de la faire avorter. Vous imaginez ? Une catholique, grenouille de bénitier ! A un moment, j'ai même cru que mon père n'était pas mon père. J'ai pensé que c'était mon oncle Arsène qui était délicieux avec moi." Les années ont passé mais elle n'a rien oublié : "Quand, enfant, je me suis plainte à mon père que le boulanger me poursuivait, il m'a traitée de vicieuse ! Et la vie des couples, j'ai vu tout de suite ce que c'était ! Mon père était beau, adoré par sa mère, les femmes lui couraient après. Ma mère était une victime."
Remariée au réalisateur américain William Friedkin, Jeanne Moreau a rapidement vu qu'elle n'était pas faite pour ça. Sa vie sentimentale sera aussi marquée par son mariage passé avec Jean-Louis Richard, avec qui elle aura un fils, Jérôme. Mais de lui et de la relation douloureuse qu'elle a avec lui, elle ne parlera pas : "Il n'y tient pas, et moi non plus, ça ne regarde personne." Elle aurait néanmoins voulu un autre enfant, pour en donner un à Pierre Cardin avec qui elle vivait et qui en voulait. La vie en aura décidé autrement. Atteinte d'un cancer à la trentaine, elle a survécu mais a été transformée, devenant ménopausée très jeune : "J'étais sûre que j'allais m'en sortir", dira-t-elle.
Retrouvez l'intégralité de cette interview dans le magazine "Pleine Vie" du mois de janvier 2013
"Si je nourrissais mes films de ce que je suis, je m'ennuierais profondément", déclare en début d'entretien Jeanne Moreau. Le ton est donné, la franchise est son moteur tout au long de la conversation. Un état d'esprit qu'elle confirme en disant : "Ma filmographie montre bien que je n'ai pas cédé au goût de l'argent, alors que j'aurais pu être riche." On ne la contredira pas, elle qui a choisi de tourner dans Une Estonienne à Paris, pour le réalisateur estonien Ilmar Raag, en salles le 26 décembre.
Jeanne Moreau remontera dans le tourbillon de son enfance en rendant hommage à sa mère, elle qui lui était si liée. L'actrice parlera aussi de son père, dont elle est devenue proche : "Je le remercie d'ailleurs d'avoir résisté à ma vocation. Gérant d'une brasserie, il a appris par un client et ma photo dans France-Soir que je jouais sur les planches. Il m'a mis une gifle terrible et fichue à la porte. Il ne faut pas oublier qu'il était né au XIXe siècle et le théâtre, c'était pour les cocottes, les putains ! Mais son hostilité m'a donné l'énergie d'exercer ce métier envers et contre tous. Je lui ai pardonné, bien sûr, le pauvre. Il a d'ailleurs fini ses jours chez moi."
Une relation apaisée alors qu'elle commençait sa vie avec une série de traumatismes, elle qui n'était pas un enfant désiré : "Ma mère avait signé un contrat avec sa troupe pour partir en Amérique. Comme elle est tombée enceinte, elle n'a pas pu y aller. Or, ma grand-mère paternelle voulait qu'elle foute le camp. Elle refusait que son fils préféré, la prunelle de ses yeux, l'épouse. Alors, elle lui a proposé de la faire avorter. Vous imaginez ? Une catholique, grenouille de bénitier ! A un moment, j'ai même cru que mon père n'était pas mon père. J'ai pensé que c'était mon oncle Arsène qui était délicieux avec moi." Les années ont passé mais elle n'a rien oublié : "Quand, enfant, je me suis plainte à mon père que le boulanger me poursuivait, il m'a traitée de vicieuse ! Et la vie des couples, j'ai vu tout de suite ce que c'était ! Mon père était beau, adoré par sa mère, les femmes lui couraient après. Ma mère était une victime."
Remariée au réalisateur américain William Friedkin, Jeanne Moreau a rapidement vu qu'elle n'était pas faite pour ça. Sa vie sentimentale sera aussi marquée par son mariage passé avec Jean-Louis Richard, avec qui elle aura un fils, Jérôme. Mais de lui et de la relation douloureuse qu'elle a avec lui, elle ne parlera pas : "Il n'y tient pas, et moi non plus, ça ne regarde personne." Elle aurait néanmoins voulu un autre enfant, pour en donner un à Pierre Cardin avec qui elle vivait et qui en voulait. La vie en aura décidé autrement. Atteinte d'un cancer à la trentaine, elle a survécu mais a été transformée, devenant ménopausée très jeune : "J'étais sûre que j'allais m'en sortir", dira-t-elle.
Retrouvez l'intégralité de cette interview dans le magazine "Pleine Vie" du mois de janvier 2013