David Hedison, qui restera connu tout particulièrement pour avoir incarné à deux reprises l'agent de la CIA Felix Leiter dans les aventures de James Bond au cinéma, est mort à l'âge de 92 ans le jeudi 18 juillet 2019 à Los Angeles.
Trois ans après le décès de sa femme Bridget, son amour de toujours, emportée par un cancer en février 2016 alors qu'ils étaient mariés depuis 48 années, l'acteur américain s'est éteint avec leurs deux filles à ses côtés, Alexandra Hedison, actrice et réalisatrice qui est par ailleurs depuis 2014 l'épouse de Jodie Foster, et Serena Hedison, éditrice et productrice. "Même au plus profond de notre tristesse, les souvenirs que nous avons de notre merveilleux père nous apportent du réconfort. Il nous a toutes aimées profondément et exprimait cet amour quotidiennement. Beaucoup de gens l'adoraient, qui avaient le bonheur d'apprécier sa nature chaleureuse et généreuse. Notre père mettait de la joie et de l'humour partout où il passait et le faisait avec beaucoup d'élégance", ont témoigné avec émotion les deux soeurs endeuillées.
Sur son compte Instagram, Alexandra Hedison a complété cet hommage en partageant d'autres mots et une magnifique photo de ses parents : "Mon père bien-aimé nous a quittés. C'était le plus gentil des hommes – toujours plein d'amour, à faire des blagues et à faire rire tout le monde. Il va rejoindre ma maman à présent, ainsi que tous ceux qui sont partis avant lui. Je lui souhaite d'être dans la paix, la liberté et l'amour pour l'éternité", a-t-elle écrit.
Né à Providence dans le Rhode Island de parents arméniens (Albert David Heditsian et Rose Boghosian), David Hedison avait commencé son parcours d'acteur à Brown, fameuse fac privée de sa ville natale, avant de partir pour New York et de s'y former notamment sous les ordres de Lee Strasberg à l'Actors Studio. Après des débuts très prometteurs sur les planches dans les années 1950, salués par la critique, il avait signé en 1957 un contrat avec les studios de cinéma 20th Century Fox, faisant la même année sa première apparition au grand écran dans Torpilles sous l'Atlantique, un film de guerre avec Robert Mitchum. L'année suivante, Hedison tenait le rôle principal de La Mouche noire (The Fly), jouant Andre Delambre, un savant qui se retrouve avec une tête de mouche à la suite d'une expérience qui a mal tourné, dans ce classique du cinéma d'horreur qui inspirera trente ans plus tard à David Cronenberg La Mouche. En 1960, il enchaîne avec Le Monde perdu, tandis qu'il fait également ses débuts en télévision, dans la série La Main dans l'ombre puis dans Voyage au fond des mers.
Après avoir décidé de s'installer pendant deux ans à Londres au mitan des années 1960, David Hedison est confronté à la difficulté de décrocher de nouveaux rôles à son retour aux États-Unis. Il en obtient néanmoins un plutôt marquant, incarnant en 1973 dans Vivre et Laisser mourir (Live and Let Die), 8e volet de la saga cinématographique James Bond et le premier mené par Roger Moore, l'agent de la CIA Felix Leiter, initialement apparu dans James Bond contre Dr No sous les traits de l'acteur Jack Lord. Un film qui pourtant ne l'aida guère à relancer sa carrière : "J'ai reçu de merveilleuses lettres de fans, mais ça ne m'a pas du tout apporté de travail", observera-t-il ultérieurement. Hedison reprendra le rôle en 1989 dans Permis de tuer (License to Kill), avec Timothy Dalton dans la peau de 007, dans un scénario cruel pour son personnage, qui voit sa femme assassinée et lui-même atrocement mutilé par le trafiquant Franz Sanchez (Robert Davi).
Premier acteur à incarner deux fois Felix Leiter (avant d'être égalé par Jeffrey Wright, vu dans Casino Royale et Quantum of Solace), David Edison portait un regard un peu fataliste sur ce rôle : "Je crois que jouer dans ce genre de film ne mène pas à d'autres opportunités de travail à moins de faire quelque chose de vraiment exceptionnel avec une scène merveilleusement écrite. Sinon, vous faites juste votre part, dans un ensemble. Et en l'occurrence, j'ai beaucoup de scènes d'action, mais pas une seule qui soit mémorable... Felix est un personnage plutôt unidimensionnel, il n'a aucune profondeur. On fait ce qu'on peut. Il n'y a pas grand-chose à jouer. Tout ce qu'on peut faire, c'est l'incarner avec simplement du réalisme... Il s'agissait de courir, bang bang, être mouillé, crier et hurler, et plein de trucs fun, mais ce n'était pas vraiment du jeu d'acteur."
Illustration de cette analyse, David Hedison dut par la suite se contenter, en parallèle de sa carrière sur le grand écran, de simples participations dans tout un tas de séries télévisées (parmi les plus cultes, quand même) : Le Saint (où il retrouva Roger Moore, devenu un ami), Perry Mason, Shaft, Wonder Woman, Drôles de dames, Dynastie (dont son épouse fut coproductrice), La croisière s'amuse, Hooker, L'homme qui tombe à pic, K2000, Double trouble, L'Agence tous risques, Arabesque ou encore, dans les années 2000, Les Feux de l'amour. Dans ses dernières années, il avait continué à se produire au théâtre.