Mais que se passe-t-il dans les cuisines de Joël Robuchon ? Chef multi-étoilé mais aussi animateur télé et star des rayons de la grande distribution, son nom est devenu le symbole de l'excellence à la Française depuis les années 90. Mais pour d'autres, c'est aujourd'hui synonyme de... harcèlement moral. Comme le révèle Francetvinfo.com, un ancien cuisinier de la Grande Maison, son restaurant bordelais, vient en effet de porter plainte...
De la "tyrannie" en cuisine
Franck Yoke a finalement décidé de saisir la justice. Quelques heures après avoir témoigné pour Francetvinfo.com, qui publiait le 6 février une enquête édifiante sur la violence psychologique régnant aux fourneaux de la Grande Maison, l'ancien employé a décidé de porter plainte, vendredi 6 février. Originaire de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), le cuisinier était monté à Bordeaux pour travailler dans cet hôtel-restaurant prestigieux, début janvier. Sauf que l'aventure tourne vite au vinaigre pour le commis, qui ne tient que... deux jours.
En cause ? La violence extrême régnant dans les cuisines et notamment celles du chef japonais Tomonori Danzaki, fidèle bras droit de Joël Robuchon, également tête de gondole pour Fleury Michon. "Ce n'est plus de la restauration, c'est de la tyrannie", s'insurgait Franck Yoke. En deux jours, il aurait ainsi travaillé pratiquement 30 heures dans l'établissement de l'ex-animateur de TF1 et France 3. "Nous n'avons pas le droit de déjeuner et nous ne disposons que de quelques pauses de cinq minutes", ajoute-t-il.
"Il m'a forcé à boire de l'eau salée"
En plus des 9h-minuit, Franck Yoke racontait les mauvais traitements infligés par le chef Tomonori Danzaki. Un homme qui n'hésite pas à hurler sur ses employés et à les humilier. "Il nous insulte constamment. Il nous traite de chiens, d'abrutis, de moins-que-rien. Il nous dit qu'on est bon qu'à faire de la merde", se désolait-il. Le Japonais, qui a déjà dirigé des restaurants de Joël Robuchon aux Etats-Unis ou dans son pays natal, n'hésiterait également pas à punir ses cuisiniers. "Il m'a forcé à boire de l'eau salée. Il y a une volonté de nous humilier. Les jeunes sont traumatisés là-bas", ajoutait le commis qui parlait même de "sadisme".
Selon Franck Yoke, la Grande Maison aurait également eu un problème avec son salaire. La raison ? N'ayant pas signé de contrat de travail, le cuisinier n'a pas été payé pour ses deux jours. Au moment de sa démission, début janvier, le directeur de l'établissement Jean-Paul Unzueta, lui aurait simplement proposé de l'aider à trouver une nouvelle place dans un autre établissement à Bordeaux, avant de reconnaître un "oubli" à Francetvinfo.com. Résultat, le cuisinier a été obligé d'aller réclamer son salaire à la police selon le site.
La moitié a rendu son tablier
Un récit qui entâche la réputation de la Grande Maison, toujours en quête des trois étoiles au Guide Michelin, ce dernier l'ayant snobé pour 2015. D'autant que Franck Yoke n'est semble-t-il pas un cas isolé. Ils seraient 15 - soit la moitié - à avoir quitté l'établissement de Joël Robuchon, dont l'un des restaurants a été cambriolé en 2013, depuis l'ouverture.