Plus encore que sa performance qui ressort dans la plupart des médias, c'est le rôle que joue le rappeur dans Polisse qui fait parler de lui. "JoeyStarr en flic" aurait pu être une mauvaise blague, mais c'est au contraire une bonne surprise.
Celui qui a grandi avec un père violent et sans sa mère brille littéralement dans le regard de Maïwenn, elle aussi survivante d'une enfance chaotique. La réalisatrice et la femme derrière la caméra en sont tombées amoureuses, et au milieu de Karin Viard, Marina Foïs et Nicolas Duvauchelle, JoeyStarr ne tremble pas.
Dans le film, il joue un flic de la Brigade des Mineurs enflammé et à fleur de peau, emporté contre une hiérarchie qui préfère la paperasse à l'humain. Quand il joue une scène où son personnage renverse la moitié du bureau de son supérieur, le spectateur craint un dérapage plus que vrai que le cinéma et quelques coups perdus.
La violence, qu'elle soit physique ou psychologique, est au centre de Polisse, et au coeur de JoeyStarr, condamné à deux reprises pour violences conjugales, et plusieurs fois pour violences tout court : "J'ai encore beaucoup de choses à apprendre. Mais je ne suis pas quelqu'un qui rentre chez lui et qui bat sa femme. L'histoire avec la mère de mes enfants, c'est elle qui a commencé à me frapper. Ca n'excuse rien, c'est juste pour expliquer, je choisis des femmes comme moi, des écorchées, et on vit des histoires passionnelles."
Le musicien de 43 ans continue et se confie à Libération : "La cicatrice que j'ai là, au cou, c'est ma première femme qui me l'a faite. J'étais au resto, elle a débarqué et elle m'a enfoncé un tesson de bouteille."
Nominé aux César pour Le bal des actrices et probablement à nouveau pour Polisse, JoeyStarr l'acteur ne manque pas de projets et d'avenir. Pourtant, le spectre de la prison reste bel et bien là, quelque part, jamais très loin : "L'incarcération ne règle rien. J'ai encore des sursis au-dessus de ma tête, je sais que si je fais le moindre truc, tout tombe. C'est mon humeur qui gère mes journées, je sais pas, ça peut exploser. La dernière fois, j'ai été chercher des clopes en bas de chez moi, et je me suis retrouvé avec sept mois." Une épée de Damoclès qui rend son rôle dans Polisse encore plus fascinant.