De Johnny Hallyday, on sait presque tout. Même qu'il a traîné ses culottes courtes sur le plateau de tournage d'un maître du septième art quand il n'avait que 12 ans. Nous sommes en 1954, le réalisateur n'est autre qu'Henri-George Clouzot et son film est culte : Les Diaboliques.
Celui qui filmera Romy Schneider dans un trip technicolor inachevé intitulé L'Enfer vient de cartonner avec Le Salaire de la peur. Le film, porté par Yves Montand, remporte le Grand Prix du Festival de Cannes (qui deviendra la Palme d'or en 1955), l'Ours d'or à Berlin et un Bafta. Après ce drame encensé par la critique, Henri-Georges Clouzot prend tout le monde de court en adaptant le roman Celle qui n'était plus, de Boileau-Narcejac. Clouzot titre son film Les Diaboliques, l'histoire du directeur d'un pensionnat de garçons dont l'épouse et la maîtresse s'associent pour le tuer... Quand la dépouille disparaît, le film plonge dans la paranoïa puis l'horreur pure. Clouzot y dirige son épouse Vera Clouzot face à Paul Meurisse et à la fantastique Simone Signoret. Le film sort au début de l'année 1955.
Naturellement, il faut bien le peupler, ce pensionnat de garçons, et le futur Johnny Hallyday fait partie des collégiens. Dans un entretien accordé aux Inrockuptibles en 2009, pour la sortie de Vengeance du maître du polar hongkongais Johnny To, il racontait : "Il y a avait un casting, ma tante m'y a emmené, j'avais 12 ans, et j'ai été choisi. C'est un bon souvenir... C'était ma première expérience avec le septième art !" Cette interview est republiée dans un hors-série des Inrocks actuellement en kiosques.
Les Diaboliques fera l'objet en 1996 d'un très mauvais remake, si mauvais qu'on prend un certain plaisir à le voir puisqu'il réunit tout de même à l'écran deux grandes actrices : Isabelle Adjani et Sharon Stone. Le cinéma, Johnny en fera de nouveau par la suite. D'abord dans le rôle du jeune premier chantant dans des films yé-yé tout à sa gloire, puis dans des rôles plus conséquents et marquants. Il citait ses préférés dans cette interview des Inrockuptibles : "D'abord, Point de chute [1970] de Robert Hossein. Il n'a pas marché, mais c'était pour un beau film et un beau rôle. D'ailleurs c'était au départ un scénario de Sergio Leone, ça devait être un western et c'est devenu un polar. (...) Le deuxième c'est Détective de Godard [en 1984, il donne la réplique à sa compagne de l'époque Nathalie Baye, NDLR]. Puis le Costa-Gavras, Conseil de famille [1986]. Et L'Homme du train de Patrice Leconte [2005]." Puis, Johnny Hallyday a joué par deux fois avec Claude Lelouch dans Salaud, on t'aime (2014) et Chacun sa vie (2017), mais aussi avec Laeticia dans Rock'n Roll (2017) avec ses amis Guillaume Canet et Marion Cotillard.
Pour L'Homme du train, l'histoire d'une rencontre entre professeur de français et un aventurier, Johnny Hallyday a donné la réplique à Jean Rochefort qui nous a lui aussi quittés en 2017.