![Le roi Juan Carlos Ier d'Espagne, très ému, présente ses condoléances au fils d'Adolfo Suarez, Adolfo Suarez Illana, lui donnant une accolade significative lors de sa visite à la chapelle ardente où est exposé, le 24 mars 2014 au Congrès à Madrid, le cercueil de l'ancien chef du gouvernement et artisan de la démocratie.](https://static1.purepeople.com/articles/3/13/85/83/@/1420634-le-roi-juan-carlos-d-espagne-et-adolfo-580x0-1.jpg)
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Si Juan Carlos Ier est en Espagne le symbole de l'avènement de la démocratie, Adolfo Suarez en était la cheville ouvrière, l'artisan... Atteint depuis une dizaine d'années de la maladie d'Alzheimer, ce héros de la nation, mort dimanche 23 mars 2014 à 81 ans, ne se souvenait plus, de l'aveu de son fils en 2005, qu'il avait été le premier chef du gouvernement après la chute de la dictature franquiste, mais ses compatriotes, eux, n'ont pas oublié. Et c'est avec une très vive émotion que non seulement le souverain et la classe politique, mais aussi la nation tout entière se recueillent à sa mémoire.
Un deuil national de trois jours a été décrété en hommage à Adolfo Suarez, qui a succombé quelques jours après avoir été hospitalisé, le 17 mars, à Madrid. Avant ses funérailles, mardi 25 mars à la cathédrale d'Avila, coeur de sa province d'origine, et des obsèques nationales prévues le 31 mars à Madrid, ses proches, la famille royale et le public pouvaient lundi se recueillir auprès de sa dépouille, son cercueil étant exposé dans une chapelle ardente à la Chambre des députés, où il a été accueilli par le chef du gouvernement Mariano Rajoy et, côte à côte, les trois anciens chefs de gouvernement de la démocratie encore en vie, les socialistes Felipe Gonzalez et José Luis Rodriguez Zapatero, et le conservateur José Maria Aznar.
Une foule de plusieurs centaines de personnes, rapporte l'AFP, s'était constituée dès tôt le matin pour applaudir respectueusement le passage du corbillard transportant le corps du grand artisan de la transition démocratique post-franquiste, et voir son cercueil enveloppé du drapeau espagnol disposé au Congrès.
Très marqué par la disparition de celui qui fut son principal partenaire dans la mise en oeuvre de la démocratie à la mort de Franco en novembre 1975, le roi Juan Carlos Ier s'est déplacé pour présenter ses condoléances et se recueillir, accompagné de son épouse la reine Sofia, rentrée saine et sauve du Guatemala en dépit d'une nouvelle avarie mécanique survenue sur l'Airbus servant aux déplacements royaux, et de leur fille aînée Elena. Le couple royal est arrivé à la chapelle ardente vers 10h30 et le monarque, qui a demandé quelques minutes d'intimité près du cercueil, ne masquait pas sa peine.
Une peine sincère qui s'est lue également dans l'accolade qu'il a donnée à Adolfo Suárez Illana, fils du défunt, en lui présentant ses condoléances - un geste d'affection rare, très significatif. "C'est une grande perte", a tristement déclaré le monarque à propos de celui qu'il qualifiait dimanche "d'ami fidèle et collaborateur exceptionnel", avant de quitter la Salle des pas perdus et de laisser le personnel politique et les représentants de la société civile rendront leurs hommages à leur tour. À partir de 12h30, les citoyens espagnols étaient conviés à en faire autant, tandis que le prince Felipe devait s'y rendre en fin de journée.
Désigné chef du gouvernement en juillet 1976 par le roi, Adolfo Suarez, qui fut un cadre du franquisme avant de prendre la tête du parti centriste UCD (Union du centre démocratique), a mené les grandes réformes qui ont permis à l'Espagne de tourner la page de la dictature : légalisation des partis politiques, y compris celle, controversée, du Parti communiste, en avril 1977, amnistie des prisonniers politiques et rédaction, puis approbation par référendum, le 6 décembre 1978, de la Constitution. À partir de 1979 cependant, sa popularité s'est effritée, plombée par la crise économique, l'agitation des militaires, les questions sur l'autonomie des régions espagnoles et l'action violente du groupe indépendantiste basque ETA. Il démissionnera par surprise en janvier 1981, quelques semaines avant la tentative de coup d'État du 23 février - jour de la passation de pouvoir de Suarez à son successeur -, finalement bloquée par le roi.