![Julie Delpy à Los Angeles le 30 octobre 2009, pour l'avant-première de Fantastic Mr. Fox](https://static1.purepeople.com/articles/6/89/03/6/@/717443-julie-delpy-a-los-angeles-le-30-580x0-3.jpg)
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De ses premiers pas dans le cinéma de Jean-Luc Godard à son rôle dans la série américaine Urgences, Julie Delpy n'a cessé de brouiller les pistes par sa liberté et sa franchise. "Ça n'a pas toujours été apprécié de tout le monde !", répondait-elle au micro d'Allociné. Une jolie occasion de revenir sur son parcours unique.
Avec deux parents acteurs - sa mère, Marie Pillet, est décédée récemment -, Julie Delpy a grandi avec le cinéma, sans élitisme : "Je ne faisais pas la différence entre Alien et Prénom Carmen." Sa première grande expérience devant une caméra, ce sera à 16 ans avec Godard, réputé pour son tempérament difficile. "Adorable. Je pense que c'est un mec qui peut être le plus charmant et le plus terrifiant. Il est d'une intelligence féroce."
A 18 ans, elle est nommée au César comme meilleur espoir pour Mauvais Sang de Leos Carax, enfant terrible du cinéma français. Pour le coup, une vraie mauvaise expérience : "Ça m'a donné une image du cinéma assez négative, et comme j'en ai parlé après, je me suis fait beaucoup d'ennemis. D'une certaine manière, j'aurais préféré ne pas faire ce film."
L'année suivante, sa seconde nomination dans la même catégorie pour La passion Béatrice de Bertrand Tavernier n'est pas non plus un excellent souvenir. Elle confiait à Studio Ciné Live : "Ce fut un film difficile, nous mourions tous de froid les uns après les autres ! Ensuite, les scènes étaient difficiles à tourner et les sujets abordés, traumatisants. Au final, le film n'a pas été très accueilli, j'ai un peu morflé, je me souviens m'être un peu énervée dans la presse..."
Jeune, elle explique ses rôles par son visage "pur et joli, pas du tout Lolita salope." Ça ne l'empêche pas d'aller s'amuser dans Europa Europa d'Agnieszka Holland, où elle joue une nazie : "Jouer des méchants c'est très drôle. Le film a été nominé aux Oscars mais n'a pas du tout marché en France, il a même été traité d'antisémite, ce qui est assez drôle : l'écrivain, la réalisatrice et le producteur sont juifs."
Son histoire avec Krzysztof Kieslowski est particulièrement amusante : "Mon audition pour La double vie de Véronique s'est très mal passée. Ça me débectait quand un réalisateur me demandait d'être sexy. Ça m'est passé et de toute façon, à 40 ans, on me demande plus ça tout le monde s'en fout ! Il m'a proposé un rôle dans Bleu, mais je n'ai pas accroché. Je me souviens avoir trouvé le scénario un peu creux. Comme Krzysztof était tout sauf un con, cela ne l'a pas du tout décontenancé et il m'a immédiatement proposé le rôle de Blanc."
Dans les années 90, elle quitte la France et va étudier à New York dans une école de cinéma. "C'était intéressant, mais ça m'a pas ouvert beaucoup de portes pour réaliser." Elle tourne cependant dans la version Disney des Trois mousquetaires, "Pas un très bon film ! Forcément après ça je me suis dit que je ferais mieux d'aller dans le cinéma indépendant."
Le théâtre, par contre, ne l'intéresse pas. Ce qu'elle aime, c'est la pellicule : "L'idée d'imprimer l'image, le son, de transgresser le temps, me fascine, presque scientifiquement et philosophiquement."
Elle tourne le déglingué Killing Zoe, produit par Tarantino. "Évidemment, se voir proposer un rôle par le réalisateur de Reservoir Dogs, c'est le rêve." Mais les américains la connaissent probablement plus comme la française qui a fait craquer un docteur dans la série Urgences. "J'avais juste besoin de blé, mais c'était très sympa."
Sa rencontre avec Ethan Hawke sur le film Before Sunrise, qui suit la rencontre de deux inconnus dans un train, a marqué sa carrière : "Une vraie expérience formidable. Même si la co-scénariste a utilisé ses avocats pour que Ethan et moi ne soyons pas crédités, alors qu'on en avait écrits 90 %." Le karma a corrigé l'erreur : dix ans plus tard, les deux acteurs seront nominés aux Oscars pour le scénario de la suite, Before Sunset.
Après un premier film fauché, Looking for Jimmy, Julie Delpy réalise le portrait doux-amer d'un couple franco-américain dans 2 days in Paris, succès critique et public : "Ça a été mon premier vrai film, pas simple à monter parce que personne croyait que je pouvais faire ça." Son film suivant, La Comtesse, est un projet qui lui tenait particulièrement à coeur. Plus ambitieuse, cette exploration du mythe d'Elizabeth Bathory avait à un moment intéressé Radha Mitchell et Ethan Hawke, finalement perdue pour des raisons de budget et de temps.
Avec une carrière si remplie, Julie Delpy a de quoi se raconter. "J'adore Enki Bilal, et Mika Kaurismaki (avec lesquels elle a tourné Tokyo moon et I Love L.A.). Vincent Gallo est un très bon ami à moi, il faut qu'on fasse un film ensemble d'ailleurs. Qu'on l'écrive avant. Ou qu'on le tourne juste. Je me suis toujours bien entendu avec les gens à la réputation difficile."
C'est aussi en réalisant qu'elle a pris confiance en elle : "Je suis beaucoup plus sûre de moi en actrice depuis que je réalise. Moi qui avais tellement peur d'être contrôlée par quelqu'un, maintenant je rêve de ça. Faudrait que je retourne en psychanalyse !" Plus léger, Le Skylab est sorti sur nos écrans depuis le 5 octobre dernier, et la presse l'a bien accueilli : "Le but était de faire un film qui a l'air simple. En réalité, cela demande beaucoup de boulot."
Le prochain rendez-vous, ce sera 2 days in New York, la suite des deux jours à Paris, avec Chris Rock. Et forcément, des tas d'autres projets, "petits ou grands, de 20 pages, de 30 pages, de 300 pages, ou des histoires courtes de science-fiction. Mais avant, du repos. Et je veux perdre 10 kilos !"