Il n'est pas vraiment connu pour sa langue de bois et cette fois encore, il est très en forme. Karl Lagerfeld s'est confié au magazine Numéro et prouve qu'il est décidément le créateur le plus franc de la modosphère !
Interrogé sur les deux films récemment réalisés sur la vie du regretté Yves Saint Laurent, que Karl a côtoyé dans le milieu parisien, le Kaiser n'a pas vraiment été convaincu par ces longs-métrages réalisés par Jalil Lespert et Bertrand Bonello. Et il le dit...
"Je peux vous assurer que cela ne se passait pas du tout comme ça. Le premier est tout bonnement ridicule, mais je préfère ne pas trop taper dessus parce que j'affectionne nombre de comédiens qui en partagent l'affiche. Certaines scènes sont parfaitement absurdes", lâche-t-il au sujet de la réalisation de Jalil Lespert, qui a mis en scène un Pierre Niney magistral dans le rôle-titre du créateur tourmenté. Sans doute pas content du rôle qui lui est donné ?
Puis il continue en évoquant sa relation avec Jacques de Bascher : "Il est parti à 37 ans, c'était un choix. Il me disait toujours : 'Je vais mourir jeune alors je préfère m'amuser.' Jacques n'a jamais été mon homme, et tant mieux d'ailleurs, parce que si cela avait été le cas, j'aurais sans doute fini mort du sida, comme tous les autres. Notre relation était tout à fait différente de celle dépeinte à l'écan. Je ne suis jamais tombé dans le sexe, la drogue et la débauche comme eux."
Si le directeur artistique de la maison Chanel concède à Gaspard Ulliel (le Saint Laurent de Bonello) un certain talent dans son interprétation, il émet quelques réserves sur Louis Garrel, qui jouait le rôle de Jacques de Bascher dans ce film. "Il fait ce qu'il peut, le pauvre, mais Jacques était tout de même beaucoup plus mince. Sa gestuelle est plutôt convaincante", conclut-il.
Et Karl Lagerfeld profite de l'interview pour égratigner un autre grand créateur, Azzedine Alaïa. "Un jour, j'ai lu quelque part qu'Azzedine Alaïa, que je ne connais ni d'Eve, ni d'Adam, disait que mon travail manquait d'émotion. Eh bien tant mieux. Les émotions d'Azzedine, elles, sont clairement très pures, à force de refaire la même robe depuis cent ans", lâche-t-il.
Bien décidé à régler ses comptes au détour d'une interview qui revient sur sa carrière auprès des maisons Chanel et Fendi ou encore de sa chatte millionnaire Choupette, Karl Lagerfeld parle une nouvelle fois de la cause animale et en profite pour tacler Brigitte Bardot, avec qui les relations ne semblent plus vraiment au beau fixe. "Je tiens à signaler qu'il y a plein de photos d'elle en manteau de panthère", dit-il, avant d'expliquer qu'il avait reçu un courrier de sa Fondation lui suggérant de ne plus utiliser de fourrure dans ses collections.
"Choupette a signé un gros chèque pour la Fondation et Brigitte l'a remerciée d'un courrier adorable. Tout allait pour le mieux jusqu'à ce que la Fondation m'envoie une missive en disant : 'Il est maintenant entendu que vous ne ferez plus de fourrure dans vos collections.' Ce qui m'a hérissé le poil. Je suis pour la protection des animaux domestiques. Mais pour le reste, mon Dieu ! Je ne comprends pas très bien le discours - tant qu'on mange de la viande et qu'on porte du cuir... Est ce vraiment une bonne idée de faire grimper le chômage en anéantissant une industrie toute entière ?", poursuit celui qui précise d'avoir aucun contrat d'exclusivité et se déplacer qu'en avion privé (une clause indispensable à tous ses contrats).
Famille, demi-soeur qu'il considère "fofolle", fausse brouille "montée de toutes pièces par Pierre Bergé" entre Yves Saint Laurent et lui, Karl dit tout et plus encore, dans le magazine Numéro, en kiosques.