Après bien des atermoiements, la succession du célèbre couturier à catogan est enfin bouclée ! Selon les informations de Glitz.paris, média d'investigation sur l'industrie du luxe, alors qu'ils étaient en conflit avec le fisc français depuis plus de quatre ans, les huit héritiers de l'ancien directeur artistique de Chanel ont cessé, cet été, de contester les redressements et pénalités fiscales qui leur sont imposés. Le dossier était rendu complexe par l'écheveau des montages financiers réalisés par l'ex-comptable de Karl Lagerfeld qui a placé de l'argent à Monaco mais refusait de s'expliquer.
Cette information remet le couturier au coeur de l'actualité, bien qu'il ne l'ait jamais vraiment quittée. Disparu le 19 février 2019, Karl Lagerfeld est toujours aussi présent. Il y a d'abord la marque portant son nom qui, propriété de la firme américaine G-III Apparel Group, est florissante. Elle vient de signer des collaborations avec Converse ou le joaillier Morellato. Il y a ensuite ses créations iconiques qui deviennent, au fil des années, des pièces de collections. La mini robe noire Fendi que la chanteuse Amy Winehouse portait lors de l'inauguration d'une boutique Fendi Paris à 2008, et imaginée par Karl, s'est vendue 22 000 dollars lors d'enchères new-yorkaises en juin dernier. Il y a enfin la série Becoming Karl Lagerfeld qui, cet été sur Disney+, a battu tous les records d'audience de la plateforme.
Travailleur acharné et gestionnaire avisé, le natif de Hambourg, bien qu'excessivement dépensier, a accumulé durant son existence des sommes colossales, estimées à 200 millions d'euros avant impôts et investies, notamment, dans l'immobilier à Paris, Monaco ou Louveciennes (Yvelines).
N'ayant pas eu d'enfant, il a choisi, à sa mort, de léguer ce patrimoine à huit personnes, dont sept qui lui étaient très chères. Il avait couché ses dernières volontés le 29 avril 2016 dans un testament déposé chez maître Henry Rey, notaire à Monaco.
Le premier de ces héritiers est le mannequin corse Baptiste Giabiconi. Cet ami de Karl, devenu papa il y a moins d'un an d'un enfant qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau, a souvent défilé pour lui. Il toucherait 30 % du total.
Le deuxième Sébastien Jondeau, également mannequin, fut son garde du corps et homme à tout faire de 1999 à 2019. Il a rencontré Karl Lagerfeld pour la première fois à 15 ans et est devenu son bras droit neuf ans après, assumant les fonctions de chauffeur, coursier à moto, chargé du courrier, etc.
Le troisième héritier, l'Américain Brad Koenig, encore un mannequin, dont le fils Hudson (14 ans) est le filleul de Karl. Koenig et son mentor se sont rencontrés en 2003 sur un shooting. Le couturier lui a consacré un livre, Metamorphoses of an American, en 2007.
La quatrième est éminemment connue. Il s'agit de Virginie Viard. Elle a pris sa suite comme directrice artistique chez Chanel, fonction qu'elle a quittée en juin dernier. La Lyonnaise a travaillé trente années durant avec Karl qui la décrivait comme comme son "bras droit et bras gauche à la fois".
Sophie de Langlade fait aussi partie des heureux élus. Elle est directrice de collections de la marque Karl Lagerfeld. Caroline Lebar, la vice-présidente de la même entité est la sixième de cette liste de happy few. Quant à la septième, il s'agit de l'actrice et écrivaine anglaise Amanda Harlech.
L'entente entre tous ces héritiers n'a pas toujours été facile. Notamment entre Giabiconi et Jondeau comme l'a confié le second en 2021 dans son livre Ça va, cher Karl ? (Ed. Flammarion). Il accuse Giabiconi d'avoir imposé sa présence auprès de Lagerfeld : "Baptiste s'incruste. Ma lassitude de devoir supporter Baptiste augmente. Il répète tout dans les moindres détails à Karl." Il lui reprochera aussi son avarice et sa jalousie.
Mais qui est donc la huitième héritière ? Elle s'appelle Françoise Caçotte. Inconnue du grand public, elle est la gouvernante de Choupette, la chatte adorée de Karl Lagerfeld. À la base, l'animal appartenait à Baptiste Giabiconi qui, lors d'un départ en voyage, avait demandé au couturier s'il pouvait la lui garder. Karl avait tellement apprécié l'expérience qu'il avait fait une mini-dépression au moment de rendre Choupette ! Touché, Baptiste la lui avait finalement offerte.
Au fil des années et de ses apparitions médiatiques, la chatte birmane, aujourd'hui âgée de 13 ans, est devenue une star. Elle compte 264 000 followers sur Instagram où elle s'exprime régulièrement. Elle a aussi amassé trois millions d'euros en jouant dans des publicités filmées par Karl. Les droits français et allemand interdisant de léguer ses biens à un animal – un légataire doit avoir une capacité juridique – Lagerfeld a donc choisi de léguer Choupette à Françoise Caçotte. La dame a aussi reçu une maison et une rente généreuse qui lui permettent, ainsi qu'à Choupette, de vivre confortablement. En échange, Françoise lit des histoires tous les jours au félin, note ses heures de repas et de besoins. Et elle gère son compte Instagram.
L'ex-patron de Chanel et Fendi avait tout prévu à propos de son animal de compagnie. Il avait même annoncé ses plans en 2015, sur France 3, dans l'émission Le Divan, présentée par Marc-Olivier Fogiel : "Elle a sa propre petite fortune, c'est une héritière. S'il m'arrive quelque chose, la personne qui s'en occupera ne sera pas dans la misère. L'argent des pubs où elle apparaît a été mis de côté pour elle."
Avec humour mais sincérité, il avait expliqué à quelle point la chatte était importante pour lui : "Choupette est le centre de mon monde. C'est une sorte de Greta Garbo. Elle a quelque chose d'inoubliable, dans sa façon de se mouvoir. Elle inspire par son élégance et son attitude. Ça me fait rire à mon propre sujet, mais après tout ça n'encombre personne et ça ne gène personne !".
Véritable agent artistique de sa compagne, Karl Lagerfeld refusait toutes les publicités pour des produits alimentaires. "Elle est trop sophistiquée pour ça ! Elle a quelque chose d'unique. Elle est comme un être humain, mais avec une qualité : le silence", ajoutait le couturier. Il avait même doté Choupette d'un garde du corps. La privilégiée à poil prenait ses repas à table avec son maître, dans des plats en argent, préfére la musique sud-américaine à l'opéra et déteste les voix aiguës, selon le livre Choupette, la vie enchantée d'un chat fashion (Flammarion), sorti en 2014.
L'"aristochatte" avait également attiré l'attention de Brigitte Bardot, qui, en juin 2015, lui avait écrit une lettre pour lui demander de "ronronner à l'oreille" de son maître afin "qu'il cesse d'utiliser de la fourrure dans ses collections".
La voilà désormais pourvu, via sa bienfaitrice, au même titre que les autres héritiers qui n'auront pas patienté en vain.