Didier Deschamps a des problèmes de riche : s'il peut se réjouir de bénéficier d'un vivier de jeunes pépites, à l'image de l'impressionnant buteur monégasque Kylian Mbappé, pour assurer l'avenir de l'équipe de France de football, le sélectionneur dispose aussi d'options gages d'expérience. Comme un certain Kevin Gameiro, qui, à bientôt 30 ans, a connu mardi 28 mars 2017 sa 14e sélection en bleu. Contre l'Espagne (défaite 0-2), son pays d'adoption et celui où sa carrière a connu un nouvel essor.
C'est grâce à ses performances en Liga, d'abord au FC Séville (à l'époque entraîné par l'actuel coach du Paris Saint-Germain, Unai Emery) et désormais à l'Atletico Madrid, que Kevin Gameiro a retrouvé en 2016 le groupe France, dont il était sorti depuis 2011. "Au début, ce n'était pas évident à encaisser, admettait-il juste avant le match dans un entretien avec Le Parisien, mais je me suis fait une raison. J'étais bien dans ma vie de famille, dans mon club, je marquais des buts. Qu'est-ce que je pouvais faire de plus ?"
Appelé en bleu depuis le début de la saison et convoqué ce mois-ci pour les matchs contre le Luxembourg (éliminatoires de la Coupe du monde 2018, victoire 3-1) et l'Espagne (amical), l'ancien buteur de Lorient et du PSG a dit se sentir comme "un revenant" mais n'en a pas moins pour autant le prochain Mondial en tête, bien au contraire : "Je n'ai jamais fait de grande compétition avec l'équipe de France. J'aurai 30 ans. Ce sera peut-être ma dernière opportunité. Il reste quinze mois et je n'ai pas envie de laisser passer le train." Un scénario qui serait idéal pour cet ancien "sale gosse caractériel", selon ses propres mots, qui a aujourd'hui trouvé l'équilibre parfait.
Un équilibre dans lequel la vie de famille, auprès de son épouse Lina et leurs deux fils, joue un rôle primordial : "Ta famille t'apporte un équilibre. Si ça ne va pas dans ton couple, ça va se ressentir sur le terrain. J'ai eu mes enfants très jeune (deux garçons, de 8 et 3 ans, NDLR) et je ne le regrette pas. C'est la plus belle chose de ma vie. Ils sont tout pour moi", confiait encore au Parisien Kevin Gameiro.
Par nature très pudique concernant les choses de la sphère privée, le natif de Senlis confirmait parallèlement au Figaro l'importance de cet aspect de sa vie : "En partant de Séville l'an dernier, j'ai toujours privilégié de rester en Espagne plutôt qu'ailleurs. Je ne le regrette pas (...) Je suis épanoui ici [à Madrid], dans le foot ou dans ma vie personnelle. Je profite de la vie. J'ai deux enfants qui bougent beaucoup. C'est du sport. Avec ma femme, on profite des restaurants, des concerts ou des spectacles. Il y a beaucoup plus de choses à faire ici qu'à Séville."
A cet autre grand quotidien, il donnait également un aperçu de ses autres activités en vue de préparer l'après-football, où là encore la place de la vie de famille a son importance, révélant au passage un penchant totalement inattendu pour l'architecture d'intérieur ! "J'y pense et j'ai déjà lancé quelques affaires, comme un centre de foot à 5 à Strasbourg avec un très bon ami. Je réfléchis aussi à des placements. Il y a un petit plaisir que j'ai découvert : je me suis lancé dans la décoration d'appartement. À Strasbourg, j'en ai fait un et ça m'a énormément plu. Après ma carrière, je ne serai pas entraîneur et je ne suis même pas certain de continuer dans ce milieu. Être footballeur prend beaucoup de temps et, avec les matchs tous les week-ends, je ne vois pas souvent mes proches. C'est un manque que je ressens car je suis très famille." Dans le même registre, il s'est associé à la start-up Weezbet pour être l'ambassadeur de son application de pronostics football 100 % gratuite, financée entièrement par la publicité. Mais ne sera jamais "le genre de mec qui veut se montrer partout" : "Je cherche une zone de confort, dans des projets qui me tiennent à coeur, et je ne veux pas m'éparpiller", insiste-t-il.
Quant à la question de l'argent et sa gestion, pas de tabou : "Je n'ai aucun problème à en parler. Je ne fais pas n'importe quoi avec mon argent, c'est toujours très réfléchi. Ma famille me conseille mais, à la fin, j'aime avoir le dernier mot. Ce n'est pas ma femme qui décide. (...) Je me fais plaisir tout en étant raisonnable. Ceux qui ont de l'argent se font plaisir et, parfois, les raccourcis que l'on fait avec les footballeurs peuvent m'agacer. (...) Il ne faut juste pas être dans l'extravagance. Et de ce côté-là, je n'ai aucun souci."
De ce côté-là comme des autres, Kevin Gameiro est actuellement Monsieur Sans-Souci.