Depuis que Recep Tayyip Erdoğan a pris la tête de la Turquie il y a déjà deux ans, le pays traverse une grave crise démocratique aussi bien dans la sphère politique et médiatique que jusque dans les rangs de la société. L'ancienne Miss Turquie 2006, Merve Büyüksaraç, vient de l'apprendre à ses dépens...
Pas moins de quatorze mois de prison avec sursis, c'est la peine décidée par un tribunal contre l'ancienne Miss qui était jugée pour injure au président. Le crime de la jeune femme de 27 ans ? Avoir partagé sur les réseaux sociaux un poème contenant des insultes contre Erdoğan. Merve Büyüksaraç avait déjà été forcée de répondre de ses actes devant les autorités en 2014 (quand Erdoğan était Premier ministre) puis en 2015. Elle avait beau voir supprimé ledit poème sur les conseils d'un ami accusé du même crime et avoir expliqué qu'elle le trouvait juste drôle et n'avoir diffusé que des extraits, cela n'a pas suffi pour empêcher le procès. Les avocats du président ont plaidé que cela dépassait le cadre de la liberté d'expression et que c'était de l'ordre de l'humiliation. Fort heureusement, l'ancienne Miss échappe la prison ferme...
Comme le rappelle avec justesse Paris Match, Erdoğan met un point d'honneur à faire taire la moindre critique contre sa personne ou son action politique. Il a ainsi déposé des centaines de plaintes contre des journalistes ou des anonymes, certains étant encore mineurs et s'exprimant à titre privé sur Facebook ou Twitter. Le dernier classement de Reporters sans frontières classe la Turquie à la 151e place pour la liberté de la presse sur 180 pays...
Thomas Montet