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Lady Gaga, ou l'art de transformer une mythologie personnelle en blockbuster. Démonstration magistrale avec le clip de G.U.Y., une fresque épique de huit minutes (plus quatre de générique, au son de Manicure) que la Mother Monster, plus femme que jamais, vient de révéler, entre culte du corps sans cesse repensé, quasi-cosmogonique, antiquité grecque détournée et théâtralité mystique.
Ange déchu, oiseau de malheur, créature blessée puis femme re-née en fille du désir lui-même (Himéros, représenté en bellâtre céleste), divine et sexuelle : alors qu'on attend toujours de découvrir le fruit de sa collaboration événement avec un Terry Richardson novice dans l'art du vidéoclip musical pour Do What U Want, l'artiste de 27 ans (elle en aura 28 le 28 mars) travaille le même thème de la soumission assumée en s'appuyant sur G.U.Y., troisième extrait de son troisième album ARTPOP. Un thème qui surgit dès le titre du morceau, jouant sur la dualité homme-femme (G.U.Y., acronyme pour Girl Under You).
Renouant avec des sommets de narration et de scénographie tels que ceux atteints par exemple par le clip Paparazzi, Lady Gaga exploite de manière grandiose tout le potentiel - le fond et la forme - de ce morceau percutant produit avec le tout jeune Russe Zedd (Anton Zaslavski), à l'oeuvre sur trois titres d'ARTPOP après avoir remixé plusieurs morceaux de Born This Way, et récemment primé d'un Grammy Award pour Clarity. Et livre un "ARTPOP film" reposant sur quatre morceaux de l'album plutôt qu'un simple clip.
Un décor myth(olog)ique pour la déesse du désir
Loin de la noirceur et de la stroboscopie hallucinatoire du clip d'Applause, freak/fashion show filmé par Inez & Vinoodh où elle étrennait ses ailes, Lady Gaga, qui tient cette fois la caméra, plante le décor dans le domaine du château Hearst, fabuleuse ex-propriété de l'ancien magnat des médias William Randolph Hearst, dans les hauteurs de San Simeon (Californie). Une demeure mythique, un théâtre mythologique idéal pour la performeuse polymorphe...
La scène d'ouverture du "film" G.U.Y. s'ouvre au pied de la colline sur laquelle s'élève ce temple des temps modernes. Lady Gaga, ailée, est à l'agonie. Une flèche l'a transpercée de part en part, et une horde d'hommes standardisés en costume (plutôt que des cupidons machos, de vilains profiteurs du show-business, à en juger d'après les billets verts qui jonchent le sol et l'ont plumée...), l'abandonnent à son sort, au son du single-titre Artpop. Les ailes brisées, la Mother Monster tente péniblement de remonter la pente, littéralement, et de rallier le palais qui la surplombe ; à bout de forces, elle s'effondre devant la porte de la monumentale Casa Grande, coeur du "palais" Hearst. Deux serviteurs la saisissent et la portent à l'intérieur, tandis que se lance, en bande-son, le très électro Venus. Le processus de régénération de l'héroïne est enclenché, sous les auspices de l'amour cosmique.
Des Real Housewives qui s'amusent, un "dieu" gay de la télé, une orgie et une démesure divine : la renaissance olympienne de Lady Gaga
Tout un ballet s'organise alors au bassin de Neptune, la somptueuse piscine du château Hearst, où Lady Gaga se trouve immergée par un choeur de femmes voilées de noir faisant penser aux pleureuses de la tragédie grecque. Un autre type de tragédiennes, plus contemporaines, prend le relais, puisque les Real Housewives de Beverly Hills font une apparition inattendue dans le clip de G.U.Y. : (court) vêtues de rose, Lisa Vanderpump, Kyle Richards, Kim Richards, Yolanda Foster et Carlton Gebbia, protagonistes de l'émission de télé réalité phare de la chaîne Bravo, versent leur écot à ce ballet aquatique en jouant le rôle de muses, instruments en main (même si elles n'ont pas trop l'air de savoir qu'en faire !). A la veille de dévoilé le film G.U.Y., Lady Gaga, sur le plateau du Today Show animé par la jeune mariée Savannah Guthrie, avait dévoilé des extraits et un making of laissant voir que les Real Housewives seraient de la partie. L'an dernier, elle avait admis sur le plateau d'Andy Cohen, premier animateur ouvertement gay d'un talk-show vespéral aux Etats-Unis - Watch What Happens Live - et figure vedette de la chaîne Bravo, qu'elle était une fan du programme dans toutes les villes où il existe, et de Lisa Vanderpump en particulier.
La Mother Monster renaît alors dans toute sa splendeur, alors que le morceau G.U.Y. débute. Virginale (?), en pleine forme, hypersexy, allumeuse, elle invoque Himéros (incarnation mythologique du désir que Gaga élève au rang de dieu du sexe et fils d'Aphrodite), qui apparaît dans des cieux radieux sous les traits... d'Andy Cohen ! L'assurance hypersexuée du morceau est illustrée par une succession de chorégraphies collégiales où la Mother Monster multiplie les looks aguicheurs et les parades de séduction, et de tableaux à l'esthétique mythologique. Une mythologie à la fois ancrée dans l'imagerie antique et l'idée contemporaine de ce qui est culte (d'où les ersatzs de Michael Jackson, Jesus ou Ghandi, le clin d'oeil au jeu de simulation de vie, etc.).
En filigrane, la trame se poursuit par bribes, qui voient Lady Gaga prendre d'assaut un building à coups de bazooka à dollars et faire la peau à un exec (un cadre), tandis qu'une armée d'apollons-men in black se répand. Du business et du show.
G.J.