Stupeur le 1er janvier 2011, le rock n'roll a tremblé jusque dans ses entrailles, lorsque l'un de ses plus indispensables génies fondateurs, celui dont John Lennon avait affirmé que "si l'on voulait rebaptiser le rock n'roll, on pourrait l'appeler Chuck Berry", s'est effondré : victime d'épuisement, Chuck Berry s'effondrait sur le clavier devant lequel il était assis au beau milieu de la représentation qu'il donnait au Palais des Congrès de Chicago. Peu après, il prenait sa guitare pour continuer mais était pris en charge et escortée hors de scène par des personnes sorties des coulisses.
Evacué de la scène, le légendaire guitariste, âgé de 84 ans, payait vraisemblablement le prix de ses efforts de la veille - il avait en effet assuré deux concerts à New York, pour le Nouvel An. Avant que l'incident se produise, le public et le staff du pionnier du rock, auquel on doit un style et des pièces d'anthologie (Maybellene, Johnny B. Goode - plus grande chanson du monde de la guitare de tous les temps, pour Rolling Stone -, Roll over Beethoven, Sweet Little Sixteen, School Days), avaient pu déceler des indices de l'état de faiblesse de l'artiste : après un début du concert sans problème, Chuck Berry commença à montrer des signes de fébrilité, s'arrêtant même longuement pour réaccorder sa guitare. "De toute évidence, quelque chose n'allait pas. Il commençait les chansons en plein milieu, jouait 15 secondes de chaque", observe le promoteur Michael Petryshyn.
Après 15 minutes, il revint sur scène et tenta de reprendre son concert avant de devoir sortir à nouveau et se faire examiner par des médecins. Après quoi, il se présenta à nouveau devant le public pour en prendre congé avec honneur et panache - un moment magique ét émouvant à revivre en vidéo ci-dessus. Exténué, sa casquette de captain toujours vissée sur la tête, il déclarait, sous le regard attentif de son médecin : "Je l'ai supplié de me laisser revenir pour dire un mot à mes fans. Quand j'étais au piano et que je me suis arrêté de jouer (...), j'avais besoin de poser ma tête sur le clavier, je n'avais plus aucune force", a-t-il dit tandis que quelques cris d'admiration sortaient du silence de la salle. Et de faire rire tout le monde en disant que, après la batterie d'examens subis pendant ses minutes d'absence, il se sentait comme s'il avait "65-70 ans" ! Son sens de l'humour, lui étant loin d'être à plat, il provoqua à nouveau l'hilarité en voulant se saisir de sa guitare... qui n'était plus là : "Ils ont peur que je fasse mon truc, mais je vais essayer de le faire quand même..."
Et là, même sans guitare, positionnant sa jambe gauche en avant, jambe droite fléchie, il exécute son duckwalk ce pas de danse de son cru que certaines des plus grosses stars du rock (notamment Angus Young, d'AC/DC) lui empruntent... Quel panache ! En mire, son entourage, soucieux, était prêt à la réceptionner.
Via le site officiel de Chuck Berry, son agent a fait savoir qu'il avait regagné son domicile et qu'il se sentait mieux : "En raison de son épuisement, M. Berry n'a pas pu terminer sa représentation au Congress Theatre de Chicago le 1er janvier. Cependant il se porte bien et a regagné son domicile près de Saint Louis."
Reste désormais à savoir si Chuck Berry saura se ménager à l'avenir. Pas sûr à en croire les commentaires du pianiste Vijay Tellis-Nayak, qui l'accompagnait samedi : "Il est évident qu'il aime la scène. Sa musique est toujours là. C'est dur de voir sa santé se détériorer. Il travaille peut-être plus qu'il ne devrait."